Le 18 janvier 2023, les journalistes Conrad Atangana et Jacques Blaise Mvié étaient convoqués à la Division Régionale de la Police Judicaire du Centre pour répondre à une plainte de Jean-Pierre Amougou Belinga, le patron du groupe l’Anecdote.
Leurs torts : avoir révélé, dans un article de (10) dix pages, paru dans le journal « La Nouvelle », que Monsieur Jean-Pierre Amougou Belinga est l’un des gros bénéficiaires des lignes budgétaires 65, 94 et 57.
Dans leurs écrits, les journalistes affirmaient qu’entre 2013 et 2021, l’homme d’affaires avaient reçu les engagements et paiements des lignes budgétaires 65, 94 et 57 d’un montant cumulé de 92 milliards.
Martinez Zogo, quelques jours avant son assassinat, parlait plutôt de 46 milliards issus des mêmes lignes budgétaires et 8 milliards de Fcfa au titre d’une condamnation de l’Etat du Cameroun dans un contentieux avec l’Agence Forestière du Cameroun (AFC).
Selon le journaliste, Il s’agit manifestement de marchés fictifs, pourtant dûment payés par le trésor public.
Des sommes pharamineuses qui auraient permis à Monsieur Amougou Belinga d’effectuer un blanchement d’argent à grande échelle. A titre d’exemple la bagatelle somme 1 350 000 € (un million trois cent cinquante mille euros) soit 884 000 000 de CFA, aurait permis de racheter de la chaîne TELESUD, selon le journaliste Claudy Siar. Un scandale financier selon ce dernier où surfacturations et détournements de deniers publics s’entremêlent.
Des décaissements effectués avec l’aval du Ministre des Finances, comme le prouve les nombreux documents rendu public par des lanceurs d’alerte.
Les lignes budgétaires 65 et 94 servent respectivement à couvrir les charges non réparties de l’État en fonctionnement et à assurer la disponibilité des fonds de contrepartie et couvrir les autres charges non réparties de l’État en investissement.
Mais dans ce cas, elles ont permis à enrichir un seul individu. Un scandale de trop pour plusieurs Camerounais qui souhaitent qu’une information judicaire soit ouverte sur ces évasions fiscales.
Louis Paul Motaze à la rescousse d’Amougou Belinga
La proximité entre les deux hommes est connue de tous. A chaque fois que Monsieur Amougou Belinga eût besoin d’aide, son ami, Monsieur Motaze, lui a toujours prêté main forte.
Suite à un redressement fiscal de la Direction Générale des impôts de 10,881 milliards de francs, Monsieur Amougou Belinga va obtenir du Ministre des Finances un rabattement de plus de 81% de la créance fiscale, qui lui était réclamée de la Direction Générale des impôts. De quoi susciter l’indignation populaire.
Quelques mois plutôt, il s’était déjà montré protecteur devant les sénateurs sur la question des subventions alloués à l’homme d’affaire.
« Celui que vous avez cité. Est-ce que vous savez qu’il a racheté une télévision Européenne ? …Monsieur le sénateur vous devrez applaudir lorsqu’un camerounais maintenant veut acheter chez les blancs. Quand vous avez un citoyen de votre pays qui a cette ambition. Qu’est-ce que vous devrez faire ? Devrait-on les encourager ou les décourager ?» s’interrogeait-il avec assurance.
Un soutien que le Ministre des Finances assume malgré les frasques de son protégé. Beaucoup s’interrogent donc, au vu de ces situations, sur la gestion des deniers publics de l’Etat du Cameroun. Est-ce à quoi sert l’argent du contribuable camerounais ?
Une situation économique préoccupante
L’audit de ses lignes budgétaires ordonné par le président Biyal, en janvier 2022, a permis à la Ministre en charge du Conseil Supérieur de l’Etat, Mme Mbah Acha Rose Fomundan, de découvrir que plus de 5 400 milliards ont été décaissés entre 2010 et 2021. Des dépenses qui font l’objet de suspicion en l’absence de transparence dans la gestion.
Arrivé à la tête du ministère des Finances en 2018, Monsieur Motaze, annonçait dans une correspondance en date du 30 septembre 2022 que 1790 agents de son ministère étaient invités à justifier des frais de mission engagés sur la ligne 65.
Ces derniers auraient détourné plus de 700 millions de FCFA à travers des missions fictives exécutées sur ce chapitre entre 2015 et 2017. Une procédure enclenchée à la suite d’une plainte de l’ex-Ministre des Finances, Monsieur Alamine Ousmane Mey.
Une manière pour l’actuel ministre des Finances de se dédouaner de la gestion de ces lignes budgétaires par ses prédécesseurs. Mais qu’en est-il de la sienne ?
Ses détracteurs parlent de la gestion chaotique de ces lignes budgétaires qui auraient permis à l’homme d’affaire Jean Pierre Amougou belinga de bâtir son empire (Media, Université, Microfinance et compagnie d’assurances).
A ce jour les caisses de l’Etat sont vides. Pour pallier à ce déficit, le Ministère des Finances a annoncé, cette année, une augmentation exponentielle des prix des services de l’Etat et des produits de première nécessité.
Conséquence : Tout est cher dans les marchés. A titre d’exemple, le sac de riz, qui coutait entre 16 000 et 18 000 Fcfa, est aujourd’hui entre 23 000 et 26 000Fcfa. La bouteille d’huile coûte désormais 1600 Fcfa au lieu des 1200 Fcfa habituels.
Selon les prévisions de la banque mondiale, le taux d’inflation au Cameroun devrait rester autour de à 6 % à fin 2023. Une situation qui préoccupe également le gouvernement qui veut arrêter l’hémorragie.
Elle a fait appel à une délégation du Fonds monétaire international conduite par Monsieur Joël Turkewitz, Chef d’unité adjoint au département juridique du FMI, le 28 février dernier à Yaoundé.
La mission du FMI s’inscrit dans le cadre de l’assistance technique vis-à-vis du Cameroun. L’objet de cette visite était de procéder au diagnostic des vulnérabilités en matière de gouvernance, notamment dans les secteurs de la corruption et ceux pouvant avoir une incidence sur l’activité économique.