Dans une courte interview en deux questions avec le quotidien à capitaux privés La Nouvelle Expression, Séverin Tchounkeu, le président de la commission nationale de délivrance de la carte de presse installé à cette fonction le 8 juillet 2015 à Yaoundé par Issa Tchiroma Bakary, le Ministre de la Communication (Mincom), s’est voulu ferme quant à l’avenir de ceux des journalistes camerounais qui ne seront pas détenteurs dans les prochains mois de la carte de presse.
«Je voudrais également préciser que dès que nous allons délivrer les cartes de presse, il ne sera plus possible au Cameroun d’exercer sans être détenteur de la carte de presse. Cette précision est importante. Nous avons pris le temps de travailler dans ce sens. Nous sommes à même de faire cette communication parce que nous avons obtenu toutes les assurances», clame Séverin Tchounkeu dans la deuxième partie de la réponse à la question de savoir «Quand débute les examens des dossiers ?».
Dans la même interview accordée à son quotidien, le président de la commission nationale de délivrance de la carte de presse revient sur ce qu’il considère comme bilan à ce jour, de la commission qu’il préside. Il évoque trois points: «la désignation de madame Pippa, journaliste, comme secrétaire permanent de la Commission de délivrance de la Carte de presse», mais aussi la définition «des conditions d’obtention de la carte de presse et les modalités d’accès rendues publiques» et enfin «les avantages de la carte de presse», eux aussi rendus publics.
Le patron du groupe Equinoxe poursuit son propos, selon le journal La Nouvelle Expression du 18 novembre 2015 qui publie l’interview, en remerciant le Syndicat patronal des industries de l’hôtellerie et du tourisme (Spith) et l’opérateur télécom Orange Cameroun, respectivement pour 35% de réductions accordée à tout détenteur de la carte de presse dans le secteur hôtelier et touristique dans l’exercice de leur fonction ; et «20% de remise accordée sur tous les équipements ainsi qu’une réduction substantielle sur l’utilisation du Data»… et de préciser que «ceci est un pas important qui fait en sorte que le journaliste pourra désormais travailler librement, et avoir la possibilité de recouper ses informations à bonne source».
Les doigts dans l’œil
En dépit de toutes les assurances que déclare avoir reçu Severin Tchounkeu, on se demande bien, pour ne prendre que l’exemple de la presse en ligne, comment la fameuse commission inféodée à l’Etat qu’il dirige pourra empêcher l’exercice de la profession de Journaliste, à des correspondants de médias occidentaux qui n’en ont que faire de ce «machin» limité et utile uniquement au Cameroun, avec des avantages plus qu’insignifiants et surtout le complexe qui fait que ce sont nos dirigeants depuis le sommet de l’Etat qui se plient en quatre pour paraître dans ces médias occidentaux ou pour convier leur journalistes, souvent au forceps, pour couvrir certains évènements au Cameroun.
Quid des journalistes exerçant exclusivement ou à temps partiel pour les médias en ligne, et qu’il est difficile de contrôler même en occident, à plus forte raison empêcher de travailler, d’écrire, voire même de couvrir un évènement vu qu’il leur est possible d’y assister sans se faire identifier si besoin est ; ou encore d’interviewer des personnalités qui en fin de compte, ne cherchent que leurs intérêts propres ?
Pour les entrées à la Présidence de la république, dans certains ministères, la carte de presse sera utile, encore qu’il faut préciser, peut-être. Mais il est difficile d’imaginer un diplomate ayant déjà plusieurs fois accordé, par exemple, une interview à un journaliste qu’il respecte ou ayant répondu à l’invitation d’un journaliste sur un plateau TV, d’exiger la fameuse Carte de presse à ce dernier avant de discuter avec lui ou pour lui laisser couvrir, par exemple, une de ces nombreuses commémorations pour lequel «ON» courre après la presse.