Actualités of Thursday, 18 August 2022

Source: www.camerounweb.com

Il y a 30 ans, Maurice Kamto mettait le ‘feu’ à Bafoussam

Maurice Kamto et Paul Biya Maurice Kamto et Paul Biya

Ce samedi, Maurice Kamto sera la vedette à Bafoussam pour une grande rencontre avec sa base. Manifestement, cette ville n’est pas choisie par hasard. En effet, il y a 30 ans, une allocution de celui qui était aux côtés de Ni John Fru Ndi. Retour sur ce discours mémorable.



« Il nous est particulièrement agréable de prendre la parole au cours de ce meeting historique au nom des ELITES DE L’OUEST POUR LE CHANGEMENT.
Nous sommes venus expliquer et témoigner. Expliquer que l’Elite de l’Ouest ne se résume pas à quelques fonctionnaires, quelques hommes d’affaires et quelques ministres tous membre du RDPC, qui viennent de temps en temps vous faire des promesses mirobolantes. Témoigner publiquement et solennellement de l’engagement spontané et enthousiaste des ELITES DE L’OUEST POUR LE CHANGEMENT aux côtés du Chairman Ni John Fru Ndi.
Ces élites n’ont pas toutes nécessairement des engagements partisans. Elles sont portées par un courant qui dépasse le cadre des partis politiques.
En effet, toutes considérations faites, nous sommes aujourd’hui convaincus que pour le courage, l’abnégation et la fidélité à l’idéal dont il a fait preuve jusqu’ici, Ni John Fru Ndi incarne mieux que quiconque les aspirations profondes de l’ensemble des populations camerounaises.
Le peuple camerounais a subi pendant plus de 30 ans une dictature féroce. Au cours des dix dernières années en particulier (1982-1992), nous avons vu à l’œuvre un régime où ne vit que l’arbitraire.

Sur le chemin de la démocratie, le sang a coulé. Vous en avez payé le prix fort, depuis les morts de Bamenda jusqu’à ceux de partout sur l’ensemble de notre territoire, en passant par Maître Bopda. Vous n’avez pas oublié. Et vous ne pouvez pas l’oublier demain au moment de mettre votre bulletin dans l’urne. Il faudra bâtir un monument historique à la mémoire de tous les martyrs de la liberté. La première pierre de ce monument sera votre vote en faveur de Ni John Fru Ndi le 11 octobre prochain (le 11 octobre 1992, ndlr).

Faites attention à ceux qui viennent et reviendront vous tendre des billets de 5.000 frs, de 10.000 frs, à ceux qui distribuent des pagnes, des sacs de riz, à ceux qui vous inondent de boissons. Ils n’étaient pas là à vos côtés hier. Ils ne seront pas là demain. Ils veulent acheter vos consciences pour que vous les portiez au pouvoir. Et dès qu’ils y seront, ils vous jetteront comme un citron pressé, comme une serpillère usée.

Ne vous laissez pas impressionner par la création des unités administratives que l’on vous présente comme un cadeau du gouvernement alors que c’est un devoir normal de toute administration de rapprocher les services administratifs des citoyens. En le faisant aujourd’hui et dans le contexte que vous connaissez, il n’y a aucun mérite particulier. C’est de la propagande électorale, car ils auraient dû le faire depuis bien longtemps.

Méfiez-vous de ceux qui embrassent nos chefferies pour mieux les étouffer. La chefferie est une institution sacrée, le cadre de rassemblement de toutes les filles et de tous les fils d’une communauté socio-historique, le repère de leur identité culturelle. Le chef en est le symbole. Son autorité vient des missions qui lui sont assignées par la communauté, de sa descendance et de l’adhésion de tous. Cette autorité ne vient d’aucune instance administrative ou politique. De par ce statut, le chef transcende les factions et organisations partisanes, car il symbolise l’unité organique de l’ensemble. Dès qu’il prend parti, il divise. Et une communauté divisée n’a plus de chef. S’il s’engage dans la bataille politique, il s’expose à prendre des coups ; et quand un chef prend des coups, il mine son autorité et affaiblit la communauté.
On vous fait croire que les chefs peuvent s’engager dans les partis politiques, militer et soutenir publiquement des candidats sans préjudice pour la communauté. On vous trompe. Car en prenant parti, le chef se met en concurrence avec n’importe lequel des membres de sa communauté et ne peut plus espérer être respecté. On vous trompe, parce que cela est contraire à vos traditions.
Si vous avez survécu à la colonisation et à toutes les autres épreuves auxquelles vous vous êtes trouvées confrontées, c’est grâce à la solidarité de ces chefferies et de ses traditions. Il est donc de notre intérêt à tous que ces chefferies, institutions sacrées, soient préservées comme cadre de référence de notre identité culturelle.

On viendra vous dire demain après nous, comme hier avant nous, que vous allez à l’aventure si vous ne votez pas le RDPC. Ceux qui vous tiennent ce langage ne sont que des aventuriers qui sentent venir la fin de leurs forfaitures.
On vient vous dire aujourd’hui par exemple qu’en cas de réélection de M. Biya, on vous donnera le poste de Premier ministre. Mais un Premier ministre pour quoi faire ? Même le poste de Président de la République sans changement profond des règles du jeu dans notre pays ne servira à rien. Pourquoi d’ailleurs est-ce seulement maintenant qu’on vous fait une telle proposition qui du reste est faite à toutes les autres régions du pays ?

Au demeurant, personne n’a à vous promettre quoi que ce soit, car vous n’êtes pas un peuple à soumettre au chantage. Vous choisirez vous-mêmes les hommes et les institutions du changement pour le bien-être de tous les Camerounais.
Il n’y a pas longtemps quelqu’un s’est présenté à vous ici comme étant votre candidat.

L’avez-vous choisi vous-même ?
Est-ce qu’il est le candidat du changement ?
Chers compatriotes, le candidat de l’Union pour le Changement est Ni John Fru Ndi. Il triomphera grâce à vous, et grâce à tous les Camerounais acquis au changement véritable. Nul ne doit vous voler votre victoire !
Tous aux urnes donc le 11 octobre prochain. Tous, même les malades et les personnes âgées. Aucune voix ne doit faire défaut au candidat de l’Union pour le Changement.

Vive le Chairman Ni John Fru Ndi !
Vive l’Union pour le Changement !
Vive le Cameroun !
Maurice Kamto, 3 octobre 1992 »
[in Le Quotidien n° 002 du mardi 6 octobre 1992]
Une retranscription intégrale du 18 août 2022 par Jean Bonheur Résistant 1er SÉIDE de KAMTO (1er SdK).