Constructions anarchiques, dessertes disparues, occupation intempestive des drains et de la voie publique, incivisme des populations, tapage nocturne, vacarme, prostitution… Voici le paysage qu’offre la ville de Douala.
Il est 7h du matin ce jeudi 21 avril. Tout semble calme au quartier New-Bell. Les agents de la société en charge de la salubrité sont à pied d’oeuvre. Habitué à ce travail au quotidien, ils maugréent tout de même. La cause de leur révolte muette : l’incivisme des populations.
La preuve, au carrefour Shell New-Bell, les ordures jonchent le sol. Pourtant, le bac à ordures qui s’y trouve est presque vide. Non loin de là, des bouchers et call-boxeurs anarchiquement installés sur le trottoir s’adonnent à coeur joie à un vacarme notoire.
Et ce malgré ces premiers rayons de soleil caniculaires. Aussi, les taximen se mêlent- ils à la cadence. Ils bousculent de part et d’autres les usagers sans toutefois faire attention aux feux de signalisation. Si le Cameroun est l’Afrique en miniature, l’on serait tenté de dire que Douala est le Cameroun en miniature.
Une vraie jungle où seuls les plus habiles et audacieux survivent. Chacun implante son activité commerciale où bon lui semble quitte à déroger aux règles de bonne conduite pour « s’en sortir dans la vie ».
Cette logique de débrouillardise amène certaines personnes à avoir recours à des solutions répréhensibles. C’est ainsi qu’on assiste à toutes formes de désordre urbain notamment la prostitution, vols, commerce illicite, « clandos », commerce sur la chaussée, vendeurs à la criée, mototaxis ou tricycles en piteux état.
Aucun quartier de la ville n’est épargné par ce diaporama. Les constructions anarchiques visibles même dans les quartiers huppés ont rendu l’architecture de la capitale économique obsolète. Les Doualas semblent s’être parfaitement habitués à ce désordre. Personne n’y trouve aucun mal sous prétexte que ce sont les conditions de vie qui le leur imposent. Même les répressions de l’administration n’effrayent pas les contrevenants.
« Dès qu’ils voient les autorités, ils s’enfuient. Aussitôt que nous sommes partis, ils réinstallent leur comptoirs de fortunes », regrette le Préfet du Wouri, Paul Naseri Bea. Toutefois, les pouvoirs publics ne comptent pas baisser les bras. Ils ont récemment adopté une plateforme qui vise à éradiquer définitivement le désordre urbain dans la ville de Douala.