Actualités of Tuesday, 11 July 2023

Source: ECO MATIN

Incroyable : Voici les caractéristiques de la résidence d’Ayang Luc dont le coût est à 2 milliards Fcfa

Le coût prévisionnel des travaux est en effet estimé à 2 milliards Fcfa Le coût prévisionnel des travaux est en effet estimé à 2 milliards Fcfa

Un appel d’offres national publié le 26 juin dernier sur le site de l’Agence de régulation des marchés publics (Armp), relatif à la phase II des travaux de construction de la résidence de fonction du président du Conseil économique et social (Ces), Ayang Luc choque l’opinion par le caractère démesuré du budget à allouer à cette cause.

Le coût prévisionnel des travaux est en effet estimé à 2 milliards Fcfa pour cette seule phase, la première consacrée aux études préliminaires ayant fait l’objet d’un marché à part. Aucune information ne filtre quant au coût de cette première phase pour le trésor public.

Dans le détail, les travaux annoncés porteront sur la construction d’une villa R+1 comprenant, au niveau du rez-de-chaussée, un perron d’entrée couvert, un hall d’accueil, un grand séjour Vip, un coin Vip pour repas d’une capacité de personnes, une terrasse côté jardin, une toilette extérieure avec douche (piscine à prévoir au cours de la mise en œuvre des voiries et réseaux divers), une buanderie, une salle familiale pour repas, un bureau pour le président avec bureau d’attente pour secrétaire et un bureau pour le garde du corps, une toilette visiteurs, un coin privé pour repas et un bureau.

A l’étage, il est prévu non seulement un appartement monsieur comportant une chambre, une salle de bain, un dressing, un séjour et un bureau, mais aussi un appartement madame avec terrasse, subdivisé ainsi qu’il suit : une chambre, une salle de bain, un dressing, un séjour, un bureau, huit chambres pour enfants avec balcon ou terrasse, assorties d’une chambre individuelle de bain, un séjour familial et une salle familiale pour repas.

Cette pilule a du mal à passer dans l’opinion. Un manoir aux frais du contribuable pour une institution fantôme dont l’utilité dans l’architecture institutionnelle est problématique, qui plus est au milieu d’une conjoncture qui ne s’y prête guère. Il faut noter que dans le même temps, le même haut dignitaire du régime a saisi via son secrétaire général, Zacharie Ngoumbe, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) Alamine Ousmane Mey, le 08 juin dernier, aux fins de déblocage de 120 millions Fcfa destinés à l’acquisition de son nouveau véhicule d’apparat.

Cette autre dépense somptuaire mal perçue par l’opinion n’embarrasse pas moins le sérail. A en juger par le courrier du Minepat du 20 juin dernier, à travers lequel il requiert l’autorisation préalable du chef de l’Etat avant de faire les diligences en rapport avec la demande du président du Ces. Ledit courrier est adressé au ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, le Minepat.

Du reste, l’actualité autour du Conseil économique et social fonde à s’interroger sur le management de cette institution qui, sans assemblée depuis plus de 30 ans, se voit pourtant affecter un budget annuel de 2 milliards Fcfa en moyenne chaque année. Comment est gérée cette enveloppe ?

Gabegie
Depuis plus de 15 ans, le gouvernement a débloqué sur instruction du chef de l’Etat, une enveloppe de 44 milliards Fcfa au profit de ce Conseil pour la construction de son nouveau siège. Son inauguration maintes fois annoncée n’a jamais eu lieu. La raison : les travaux ne sont pas achevés. Il s’agit d’un complexe administratif ultramoderne étalé sur une superficie de 3,8 hectares et décomposé en trois principaux blocs.

Au cœur, un hémicycle, une tour de 9 niveaux en surface et deux en profondeur, et une salle de banquets en coupole d’environ 800 places. A terme, ce complexe coûtera au moins 44 milliards Fcfa au contribuable, selon le budget initial. En novembre 2021, les responsables du Conseil Économique et social expliquaient devant la presse, en prélude à une énième inauguration avortée, que la résidence du président ferait partie intégrante du complexe.

Difficile de savoir si les 2 milliards Fcfa destinés au financement des travaux de cette villa cossue sont issus de ce budget global du projet de construction du nouveau siège sis au nouveau quartier administratif, à Mballa 2. Quoiqu’il en soit, les goûts d’aristocrates dans le sérail sont loin d’être l’apanage d’Ayang Luc, en poste depuis 1984, après avoir été Premier ministre de Paul Biya entre 1983 et 1984.

Pour mémoire, le Conseil économique et social traverse une longue période d’hibernation qui dure depuis plus de 30 ans et qui a fait oublier à certains le rôle et même l’existence de cette institution créée par la Constitution de 1972, et qui a été renouvelée dans toutes les Constitutions qui ont suivi comme étant l’une des Assemblées qui composent le dispositif institutionnel, à côté du Sénat et de l’Assemblée nationale.

Il s’agit d’une assemblée de type particulier, dont les 150 membres sont désignés au sein des organisations socioprofessionnelles pour représenter les différentes catégories socioprofessionnelles dans leur expertise et dans l’exercice de leurs domaines d’activité précis. Notamment, des représentants des secteurs économiques avec, à l’intérieur, la banque, l’industrie, etc. Sont également habilités à y siéger, des représentants des mouvements associatifs, des jeunes, des femmes et des syndicats.

Il a pour rôle non pas de légiférer comme dans les deux chambres du Parlement, mais d’apporter un appui-conseil à l’exécutif à travers l’émission des avis lorsqu’il est saisi des questions relevant de son domaine de compétence. En bref, le Conseil économique et social est une assemblée d’experts chargée de donner des avis techniques sur les questions d’envergure dont elle serait saisie de la part du président de la République ou du Premier ministre.

Le président de la République, Paul Biya, a récemment donné des signaux d’une remise sur orbite de cette institution en signant, le 24 avril dernier, un décret fixant la répartition par catégories des membres de ce Conseil. En 2017, déjà, il avait réorganisé la structure, en intégrant l’environnement parmi les secteurs sur lesquels il peut émettre des avis.

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