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Source: www.camerounweb.com

Indépendance : cette partie de l'histoire que la plupart des Camerounais ne savent pas

Histoire sociopolitique Histoire sociopolitique

Elle est liée à la lutte pour l'indépendance du pays. C'est tiré de l'œuvre « Les mouvements migratoires en Afrique : du sud Yemen, vallée du Nil à Nganha, Bankim et aux hauts plateaux de l'Ouest-Cameroun », écrite par Dr Jean Claude Kanmogne Tamuedjon. Lecture.

Bayangam dans la tourmente : Il faut rappeler que Bayangam est un petit village de la région de l'ouest. Créé au début du 16e siècle, probablement vers 1525.

Mais ce petit village a participé de façon mémorable à la lutte pour l'indépendance du Cameroun: de 1954 à 1971. À Bayangam les Kamdjom Lucas, les Tchatchueng Marcous, les Bogne Petro, les TChoupé Isaac, les Tawayo, les Beuk Tamleu Lakpomo, les Souop Kom meyen étaient des partisans purs et durs de l'UPC.

Ils ont reçu Um Nyobe et sa suite au marché de Bayangam en juin 1954. Et pendant cette réception, une collecte de 12550 FCFA selon le rapport de la police avait été faite pour l'encourager dans la lutte pour la réunification et l'indépendance du Cameroun car on demandait la réunification immédiate et une indépendance programmée. Ce petit peuple de moins de 5000 habitants à l'époque entre 1954 et 1960 a payé très cher pour l'indépendance du Cameroun. Par exemple tout l'habitat traditionnel avait été détruit, incendié. Ce qui fait qu'à Bayangam de nos jours on ne trouve plus des cases traditionnelles. La concession des upecistes avait été rasée, les arbres fruitiers coupés, les pieds de caféiers coupés, les maisons brûlées, tout rasé chez les upecistes. Par exemple chez Tawayo qui était notre voisin, on avait détruit jusqu'aux pieds de bananier et de macabo, incendié toutes les maisons.

Les hommes étaient arrêtés et torturés. D'autres étaient pendus comme Ta Noutsa Kom kamte qui avait été arrêté et pendu pendant plus de trois jours à la chefferie pour avoir reçu la visite d'un de ses voisins Kamwa appelé "maquisard" et au quatrième jour la corde s'est coupée, il est tombé et s'est fracturé la colonne vertébrale, libéré, il est mort deux jours plus tard. C'est aussi le cas de Taguemsu de Tougoue Meudji qui a vu ses 10 doigts écrasés entre les pierres par les rebelles pour avoir répondu à une convocation des blancs à la chefferie. C'est aussi le cas de Beuk Tamleu Lakpomo qui hébergeait chez lui à Kassap le Camp des rebelles et qui arrêté par les militaires français a été battu à mort, puis libéré, il mourut 3 jours plus tard. Jusqu'aux années 1975, on trouvait encore éparpillés dans les forêts d'eucalyptus de Tougoue Meudji, Tougoue mpoue, Kadepa, Bangou centre, des crânes des suppliciés, que ça soit par l'armée ou par les rebelles. Nous publions de façon non exhaustive la liste des Bayangam qui ont perdu leur vie dans la lutte pour l'indépendance du Cameroun de 1955 à 1971.

1- CHOUPO Michel, terroriste tué par TAPCHOM Joseph en 1959 à Bandjoun.
2- SIMO FEINDJOM Pierre, opérant à Bayangam, terroriste fusillé en 1959 à Bafoussam,
3- TCHUEMBOU Maurice, de Bayangam, terroriste fusillé en 1959 à Bafousam.
4- TAMWO Siméon, de Bayangam, chef maquisard abattu en 1963.
5- KAMSU SAKEO, assassiné par les maquisards, à Balessing.
6- CHOUPE KOM Isaaac, Upéciste de Nkongsamba, torturé à mort par la police en 1959.On avait cru qu'il s'était réfugié en Guinée-Conakry alors qu'il était à Kumba.
7- TATE Abraham de Nkongsamba, mort en exil en 1959.
8- SOUOP NAIN TCHENOM de Bayangam, assassiné par les maquisards.
9- SOUOP TCHUENDJI de Bayangam, assassiné par les ma-quisards en 1960.
10- SAH FOHOM TABEGO de Bayangam, assassiné par les maquisards.
11- TCHUENTE KOM NOUEKOUO Venant, assassiné par les maquisards.
12- Pasteur GHUEMKAM David de Bayangam, assassiné par les maquisards en 1960;
13-TCHUENBOU Félix dit ZORO de Nkongsamba, assassiné dans sa plantation par les maquisards en 1961. Il était le fils aîné de Yossua Tadziebou Moyoue dont il a été question plus haut.
14- TADIE TCHUENKAM de Bayangam, assassiné par les maquisards en 1958.
15- TAYOU KWANIN Pierre de Yaounde, assassiné par les maquisards en 1958.
16- NGUEMNIN Thomas de Bayangam, assassiné par les maquisards en 1960.
17- MOGO Jean de Nkongsamba, assassiné par les maquisards en 1960.
18- KAMSU François, Catéchiste à Bamendjou, assassiné par maquisards en 1960.
19- NENKAM Philomène de Bayangam, maquisards. assassinée par les
20- DZUKOU Dieudonné de Bayangam, maquisards. assassiné par les
21- SAH NOUETSA TAZIEFAING de Bayangam, assassiné par les maquisards.
22- WAFO TEGUEM de Bayangam, assassiné par les maqui-sards.
23- WAFO TCHUEM de Bayangam, assassiné par les maqui-sards.
24- TAKU GATE de Bayangam, assassiné par les maquisards.
25-BU'U TADJOUGUEU de Bayangam, assassiné par les maquisards.
26- TEKU KAMDEM de Bayangam, assassiné par les maquisards.
27- KAMSU Siméon de Bayangam, assassiné par les maquisards.
28- TCHUENKOUO François de Bayangam, assassiné par les maquisards.
29- TCHOKNING Joseph de Bangangté, Directeur du Collège NOUTONG, assassiné par les maquisards.
30- TESSE Pierre de Douala, assassiné par les maquisards en 1965.
31- BOYOM Michel dit Souop Djoutse de Djogo (Nkong-samba), assassiné par les maquisards en 1959.
32- FOKOUO Marcous de Bayangam, Instituteur assassiné à Kouopou par les maquisards le 10 avril 1960.
33- DZUTABOUE de Bayangam, assassiné par les maquisards.
34- BUTEKOUO de Bayangam, assassiné par les maquisards.
35- TABOUEU MAGHAM de Bayangam, assassiné par les maquisards.
36-TAGO Jacques de Mbanga, assassiné par les maquisards en 1961.
37-TCHOMSHOUE de Manjo, assassiné par les maquisards.
38- TAGNE Lucas de Bayangam, assassiné par les maquisards en 1958.
39- TCHUEMBOU Chrétien de Bayangam, tué par l'Armée coloniale française en 1959.
40- LIENOUE KAMSU André de Bayangam, tué par l'Armée coloniale française, à la chute de Métchie entre Bafoussam et Mbouda, en 1959.
41- TATCHA Isidore de Bayangam, tué par l'Armée coloniale à Bayangam.
42- SOHAING TABOUTA de Bayangam, tué par l'Armée coloniale française.
43- TCHUENTE NDJIM de Bayangam, tué par l'Armée coloniale française.
44- METCHEKA Joseph de Nlohé (Nkongsamba), torturé à mort à Mandjo en 1960.
45- SIMO TAGHEMBOU Pierre de Bayangam, tué par L'armée coloniale en 1959.
46- Abbé KEJUPIA Jean de Bayangam, enlevé par les maquisards le 10 avril 1960 et mort en déportation vers 1962.
47- KOM Jean Cartier de Bayangam, enlevé par les maquisards. On n'a plus jamais eu de ses nouvelles.
48- DJOUM TAMO TASSIN de Bayangam, enlevé par les maquisards.
49- TAGNE Michel de Bayangam, infirmier, enlevé par les maquisards.
50- BENTSE Gabriel de Bayangam, chef maquisard tué en 1963.
51- SIMO Raphaël de Bayangam, enlevé par les maquisards.
52- TASSUKAM de Bayangam, maquisard.
53- GHAGUELA de Bayangam, maquisard.
54- TANINSHIE de Bayangam, battu à mort par les maquisards à Kagoungwé-Tchala devant les membres de l'autodéfense, impuissants.
55- TCHUENKAM DJOMSHIE de Bayangam, maquisard.
56- TEGHEM Siméon de Bayangam, maquisard.
57- NINK AM Victor de Bayangam, maquisard.
58- KOM Emmanuel de Bayangam, maquisard.
59- SIMO Théodore de Bayangam, maquisard.
60- TSEBO Gabriel de Nkongsamba, maquisard.
61- FENKAM de Nkongsamba, maquisards.
62- TCHENOUE de Nkongsamba, fusillé, maquisard
63- FOTSO Robert de Mbouda, maquisard, tué en 1958.
64- CHAKAM de Mbouda, maquisard tué en 1958.
65- KOUOKAM Emile de Bayangam, tué par l'armée coloniale française en 1959.
66-TABELOH Gabriel dit Wabo Le Courant, fusillé à Bafoussam en 1971, avec OUANDIE Ernest.
67-SIMO MATEU de Douala, maquisard.
68- KOM Gabriel de Bayangam, maquisard.
69- FOKOUO Alphonse de Penja, fusillé à Loum en 1959,
70- SHETCHUENG de Loum, fusillé à Loum.
71- FOKAM Pierre de Bayangam, maquisard.
72- NOUEME Emmanuel de Bayangam, maquisard.
73- KUESSI Zacharie de Bayangam, maquisard.
74- NOUEMSI de Bayangam, maquisard.
75- NINKAM Cyrille de Mandjo, maquisard.
76- FOPOSSI Jacob de Bayangam, tué par l'Armée.
77- BUGUEU Etienne de Bayangam, tué par l'Armée.
-78- KOM MAYAP de Bayangam, tué par l'Armée.
79- PAWA SAGOUON de Bayangam, tué par l'Armée.
80- KAM de Bayangam, tué par l'Armée.
81- KOUNCHIE Bénoît de Bayangam, tué par l'Armée
82- TAGO Henri MAKUI BOUTA de Loum Chantier, assassiné en 1960.
83- MOGO TACHEGA de Melong, tué par l'Armée.
84- KOUOSSI Jacob de Bayangam, tué par l'Armée.
85- GANAWA de Mbanga, maquisard.
86- TAMO WAGNE de Bayangam, torturé à mort à Dschang, par les forces de l'ordre.
87- TSEBO de Bayangam, maquisard.
88- BOUOBDA de Bayangam, maquisard.
89- TCHUENTE de Bayangam, maquisard.
90- SAFOKUI de Bayangam, tué par l'Armée en 1960.
91- SIMO TCHUENTE Pierre, Instituteur, assassiné à Batié en 1960.
92- MOTSEBO Lucas de Bayangam, tué par l'Armée
93- KOM TATIM de Bayangam, maquisard.
94- LAKPOMO BU'U TAMLEU de Kassap-Bayangam, torturé à mort par l'Armée.
95- PEBOU Elias de Bayangam, tué par l'Armée.
96- KOM Elie, Evangéliste en service à Baham, tué par L'armée.
97- TADIE NOUEMO, tué par l'Armée à Batié en 1962.
98- NIMPE DZIEFO, planteur à Mandjo, torturé à mort à la Gendarmerie du Camp-Bopi à Douala en 1962.
99- WAKCHIE André, maquisard à Bayagam.
100- TAYOU NOE de Njombe, maquisard.
101- SIMO Philippe de Njombe, maquisard.
102- GHOMDIM Alphonse de Njombe, maquisard.

En 1960 à Dschang, à dix ans, nous avons reconnu dans les rangs de « rebelles » devant être fusillés à la chute de Metchié, les notables Bayangam Dziefo Tchoupo, père de Kuissu Thérèse, douanier et Tagne Ta Sa'a wak dont l'œil était déjà détruit. Averti, Nouadje Kom, alors 2e Adjoint au Chef de Région Bamiléké, obtint de justesse leur libération Ils nous sont restés reconnaissants jusqu'à leur mort.

Ce lourd bilan en vies humaines, qui ne tient pas compte des blessés, des mutilés, des incendies et des destructions de biens divers, est le passif non seulement dans toute la Région Bamiléké, mais aussi dans le Littoral et particulièrement dans le Moungo où les troubles perdurent jusqu'en 1971, c'est-à-dire jusqu'à l'arrestation et l'exécution de Ouandié Ernest, responsable de l'UPC. En fait de statistiques de la lutte pour l'indépendance, tout particulièrement dans Ouest-Cameroun, les données ne seront jamais établies avec certitude.