Actualités of Thursday, 26 May 2016

Source: cameroon-info.net

Indemnisations à Kribi: Le déballage a commencé

Louis Paul Motaze, ministre de l’Economie Louis Paul Motaze, ministre de l’Economie

A en croire des sources introduites, l’affaire serait sur le point de se refermer sur de hautes personnalités. Certaines auraient même déjà été auditionnées.

D’après nos sources, l’arrestation de la bande à l’ancien préfet du département de l’Océan, Jean François Villon, ne constitue que du menu fretin, si l’on s’en tient à la liste des VIP mouillées dans cette affaire. La Météo, dans son édition de jeudi dernier, tirait déjà la sonnette d’alarme.

Le niveau actuel des enquêtes judiciaires pousserait même à penser que de gros poissons sont sur le gril. Surtout que, du fond de leurs cellules, les membres de la Commission épinglés par le Tribunal criminel spécial (Tcs) «n’entendent pas mourir seuls».

A en croire les plus loquaces, les différents ministres des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), de Pascal Anong Adibimé à Jacqueline Koung à Bessiké en passant par Jean Baptiste Béléoken, seraient impliqués dans les irrégularités ayant émaillé les procédures d'établissement des titres fonciers à certains bénéficiaires (plans et procès verbaux de bornage inexistants, plans falsifiés, documents antidatés).

Par ailleurs, les auditions du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Louis Paul Motaze et de son prédécesseur Nganou Djoumessi pourraient leur ouvrir toutes grandes les portes de Kondengui. Ces deux hommes ont dirigé, à des degrés différents, le comité de pilotage du projet de construction du port en eau profonde de Kribi.

Le scandale éclabousserait également l’ex-directeur du projet, Nlend Banack, quoique viré pour «indélicatesse». Patrice Barthélémy Melom, un cadre des services du Premier ministre, lui a succédé. Apparemment, confie une source introduite, tous les faux dossiers étaient déjà identifiés et leurs auteurs démasqués, en attendant que des procédures soient engagées contre les fraudeurs et leurs complices.


Rapports de missions.

Il faut par ailleurs noter qu’à l’époque, en marge de la descente de la Conac, la présidence de la République, sentant le roussi, avait dû suspendu le processus d’indemnisation et commis des missions d’enquêteurs sur le terrain, l’une de la sous-direction des enquêtes économiques à la Direction de la police judiciaire (Dpj) et l’autre de la Direction générale à la recherche extérieure (Dgre), pour tirer au clair les responsabilités.

On évoque aussi la mission interministérielle d’enquête et de contre-expertise des biens mis en cause, parrainée par le Premier ministre Philemon Yang, qui aurait fait un travail non négligeable dans ce sens. Toutes ces différentes missions d’enquête avaient évidemment bouclé leurs dossiers depuis longtemps et remis leurs copies à qui de droit. D’où la panique qui s’empare de certains acteurs tapis dans le sérail, sachant la détermination du chef de l’Etat à punir les fauteurs.

C’est la raison pour laquelle le problème des indemnisations fera d’ailleurs l’objet du Conseil de cabinet du 23 décembre 2015. Le Premier ministre, Philemon Yang avait justement recommandé à son équipe l’effectivité des indemnisations des populations déplacées par la construction des grands projets d’infrastructures. Il avait exigé des ministres compétents la mobilisation des fonds de contrepartie.

Le Pm avait nommément demandé au ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, en relation avec le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, de veiller à l’effectivité des indemnisations. Ce qui fait dire aux langues perfides que le gouverneur de la région du Sud, Jules Marcelin Ndjaga, l’ancien secrétaire des services du Pm, Jules Doret Ndongo et des personnalités des plus insoupçonnées auraient eux aussi inscrit leurs noms en gros caractère dans ce scandale.

Plus grave, des indiscrétions qui filtrent du Tcs, et sur la foi du rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac) publié en novembre 2012, des noms d’officiers de l’armée et des pontes du régime n’échappent aux malversations liées à l’indemnisation des ayants-droit à Kribi.