Dans une analyse acérée et teintée d’ironie, le journaliste Venant Mboua met en avant la montée du tribalisme dans le discours politique au Cameroun. À travers une tribune publiée le 6 mars, il critique la tendance à ethniciser les débats et incidents politiques, tout en dénonçant les dérives qui en découlent. Mboua s’appuie notamment sur les récents événements impliquant la Brigade Anti-Sardinards (BAS) et des personnalités publiques camerounaises pour illustrer ses propos.
Le journaliste commence par poser une question déroutante : pourquoi des figures publiques comme Niat Njifendji, président du Sénat, ou encore Cavaye Yeguié Djibril, président de l'Assemblée nationale, n'ont-elles jamais été prises pour cible en Europe par la BAS ? Il ajoute ironiquement que d'autres personnalités influentes, telles que Laurent Esso ou Meva’a M’Eboutou, souvent qualifiées de « grands-pères malades », n'ont pas non plus subi d'attaques de cette organisation. Selon lui, cette observation ne nie pas l'éventualité d'une dimension tribale dans les actions de la BAS, mais elle remet en cause la généralisation de cette accusation.
Mboua poursuit en soulignant le caractère biaisé des accusations de certains acteurs politiques. Il critique ainsi les propos de Mathias Owona Guinarou, qui a suggéré que la défense de la mémoire d'Ernest Ouandié, figure de la révolution indépendantiste camerounaise, servirait des intérêts « ethnofascistes ». Face à ces allégations, le journaliste rappelle que des personnalités comme Henriette Ekwe, Gaston Kelman ou encore Jean Bahebeck, qui ont sévèrement critiqué Elimbi Lobé dans le cadre de cette polémique, ne sont pas tous issus de la même ethnie, ce qui démontre l'incohérence de ces accusations.
Venant Mboua va plus loin en dénonçant la campagne de dénigrement menée contre ceux qui défendent l’héritage de la révolution indépendantiste. Il voit dans cette campagne une tentative d’attaquer un candidat potentiel à l’élection présidentielle de 2025, sous prétexte qu'il ne remplirait pas les conditions pour se présenter. « Cette campagne devient intellectuellement ridicule », lance-t-il, rappelant que ce genre de discours a conduit à des tragédies dans d’autres pays africains, comme le Rwanda et la Côte d'Ivoire.
Face à cette dérive tribale, le journaliste appelle à une prise de conscience urgente : « Il faut mériter la paix ! », conclut-il, avertissant que les tensions actuelles, si elles ne sont pas rapidement apaisées, pourraient avoir des conséquences graves pour la cohésion nationale du Cameroun.