Vendredi dernier la ville de Touboro dans la région du Nord a connu quelques remous sociaux liés au problème d’enlèvement dans cette partie du pays. La sous-préfecture et la résidence de l’autorité administrative avaient été envahis par des centaines de personnes. La situation a été rapidement maitrisée et le calme est revenu dans cette ville frontalière à la fois au Tchad et à la République Centrafricaine.
Pour tenter de trouver une solution à ce phénomène de prises d’otages avec demande de fortes rançons, le commandant de la 31e Brigade d’Infanterie Motorisée (Brim), le colonel Dominique Yennsai Njoka a personnellement fait une descente à Touboro mardi 01 novembre courant. Celle-ci avait pour objectif, mobiliser toutes les forces vives afin de trouver ensemble les solutions pour combattre ce phénomène d’enlèvements. C’est d’ailleurs pour cette raison que le colonel Njoka a bien voulu clarifier les choses dès le départ.
«Je ne suis pas venu ici pour parler des histoires des partis politiques. Je ne suis pas là pour parler du maire ou du sous-préfet. Je vous ai fait venir ici pour que chacun dise ce qu’il pense qu’il y a lieu de faire pour mettre fin à ces enlèvements», a précisé le militaire d’entrée de jeu.
En réalité, l’un des véritables problèmes d’insécurité à Touboro est la politisation de ce phénomène ; l’Undp et le Rdpc passent le temps à se jeter les pierres. «Mon colonel, la première solution que je propose est de dépolitiser l’insécurité à Touboro. Lorsque je transmets les pleurs de la population à travers les médias, le camp d’en face dit que je cherche à recruter ces victimes pour le compte de mon parti pourtant le problème soulevé est réel. Lorsque j’ai été élu maire, ce n’était pas pour les militants de mon parti seulement, mais pour toute la population de mon arrondissement», a souligné Célestin Yandal, maire Undp de la commune de Touboro.
Aussi, la vaste étendue de l’arrondissement de Touboro qui couvre une superficie de plus de 16.000km² où vivent plus de 300 mille âmes réparties dans 232 villages, dont une bonne partie le long des frontières avec le Tchad et la RCA qui sont toutes poreuses ne facilite pas les choses. Il y a lieu de préciser ici que, depuis un certain temps ces ravisseurs ont changé de mode opératoire. Ils ne procèdent plus par des enlèvements dans les villages, mais dans les champs. Il est donc important que la population s’implique véritablement.
«La rançon que vous passez le temps à payer, c’est vrai que ça ne sort pas de ma poche, mais j’ai très mal parce que, vous faites vos champs pendant 3, 4, ou 5 ans et des individus viennent vous prendre tout ça en quelques minutes. Ne payez plus les rançons, donnez-nous les bons renseignements à temps et nous feront le reste», a plaidé le colonel Dominique Njoka. Tout laisse à croire que la méthode utilisée par le colonel Njoka qui était plus diplomatique que militaire portera des fruits, car à la fin de cette rencontre, le commandant du 31e Brim a été remercié par une salve d’applaudissement dans la maison du parti Rdpc, cadre de cette rencontre de mardi dernier.
Avant de se séparer, l’autorité militaire a demandé à ces agriculteurs de se réunir en GIC ou coopérative afin que leur produit ne soit plus directement vendu aux individus, et que, la recette soit directement virée dans un compte bancaire pour diminuer les risques. Il a également proposé aux responsables de la Sodecoton de revoir leur mode de paiement actuel qui consiste à payer les cultivateurs directement dans les villages.
Après cette rencontre de mardi à Touboro, le jour suivant c'est-à-dire mercredi 02 novembre 2022, le commandant de la 31e Brim est allé à la rencontre des populations de Kades, Bilougui et Mayo-Mbi avec qui il a particulièrement échangé, avant de retourner à Ngaoundéré. Vivement que le calme et la sécurité reviennent dans l’arrondissement de Touboro.