Google a commencé la course au développement de chatbots d'intelligence artificielle (IA) à un rythme plus lent que son rival OpenAI, mais l'écart se resserre.
Le géant de la technologie a lancé Bard, une version améliorée de sa plateforme, le 10 mai, dans le but d'offrir aux utilisateurs les mêmes fonctionnalités que ChatGPT, voire de meilleures.
Les différences entre les deux systèmes sont encore notables, mais les experts estiment que la course est en train de se stabiliser.
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"Mais il va se rapprocher et il va y avoir une véritable compétition entre les plateformes. La question sera de savoir comment la base d'utilisateurs évoluera sur les deux plateformes. En fin de compte, l'enjeu est de savoir qui aura le plus d'utilisateurs", a déclaré M. Carreon à BBC Mundo.
L'une des principales limites de Bard est qu'il n'accepte que les instructions en anglais, en japonais et en coréen. À ce jour, la prise en charge de plus de 40 langues promise pour la nouvelle version n'a pas encore eu lieu.
"Alors que nous continuons à développer Bard de manière responsable, nous étendons progressivement l'accès à davantage de pays et de régions en anglais. Nous continuerons à l'étendre au fil du temps", a déclaré une source de Google à BBC World, sans préciser de date.
En revanche, l'un des avantages de Bard par rapport à ChatGPT est que ce dernier est une version payante (20 dollars), alors que l'utilisation du chatbot de Google est gratuite.
À part cela, dans quelle mesure les nouvelles fonctionnalités de Bard sont-elles proches ou éloignées de ChatGPT-4 ?
1. Les images dans Bard
Il y a quelques mois, l'interaction avec les chatbots de Google et d'OpenAI se limitait à du texte.À une époque où l'internet privilégie les images, cela ne semblait pas adapté. Mais OpenAI a franchi la barrière en introduisant ChatGPT en mars, avec l'intégration d'images dans son chatbot.
Bard a maintenant repris cette fonctionnalité dans sa nouvelle version, ce qui lui permet d'accélérer le rythme de la concurrence.
La fonction la plus basique est de recevoir des instructions basées sur une image. Par exemple, vous pouvez lui demander où se trouve cette œuvre d'art que quelqu'un a partagée sur Instagram, sans mentionner la source.
D'autre part, il y a l'offre de réponses basées sur des images. Vous pouvez par exemple lui demander de vous présenter des photos des tableaux les plus visités du musée du Louvre à Paris et vous obtiendrez la réponse avec un texte et des photos en quelques secondes.
Mais l'innovation de l'IA va plus loin. "Il ne s'agit pas seulement de chercher une photo, mais de lire ce qu'elle contient et, sur cette base, d'exécuter une certaine action", explique M. Carreon.
"Si j'ai des œufs, des tomates et des oignons sur la table et que je lui demande ce que je peux faire, il peut me suggérer des œufs à la mexicaine et me montrer la recette avec ces ingrédients. Ensuite, il reconnaît ce qui se trouve dans l'image et va au-delà de la recherche d'images similaires. Il comprend ce qu'elles contiennent."
Cette capacité est appelée "fonctionnalité multimodale" : au lieu de donner des instructions au chatbot uniquement sous forme de texte, il est capable de comprendre également les images.
Une autre fonctionnalité qui n'est pas encore disponible, mais qui a été annoncée, est la génération d'images par l'IA d'Adobe. Lorsqu'elle sera lancée, vous pourrez lui demander de créer une image avec la combinaison d'éléments que vous lui indiquerez.
Une photo de votre animal de compagnie avec un chapeau d'anniversaire ? C'est quelque chose que vous pouvez lui demander de faire.
Google indique qu'il est encore en train d'expérimenter cette possibilité. "Nous voulons le mettre en œuvre progressivement et de manière responsable", a déclaré Ricardo Carreon.
Il s'agirait d'un grand pas en avant par rapport à ChatGPT, qui n'a pas révélé de projets pour une fonctionnalité similaire.
2. Intégration à d'autres services
Disposer des informations offertes par les chatbots d'IA est un premier pas, mais qu'en est-il ensuite ?Dans la nouvelle version de Bard, Google propose désormais une "sortie" directe de ces informations vers ses services en nuage.
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Vous pouvez directement envoyer des contenus à votre messagerie Gmail, si vous lui demandez de rédiger une demande de congés pour votre patron. Ou vers le service Docs, si vous lui demandez de composer une chanson pour votre père.
Le chatbot d'OpenAI ne propose qu'un bouton pour copier le contenu dans le presse-papiers.
"Après tout, le monde de Google se bat contre le monde de Microsoft avec ChatGPT-4. Il a déjà annoncé qu'il serait le copilote dans les courriels, dans Office, pour les programmeurs sur GitHub, il sera votre copilote même dans Windows", prévient M. Carreon.
"Dans certaines fonctions de Windows, vous pourrez donc faire appel à un assistant d'intelligence artificielle pour effectuer certaines tâches au sein du système d'exploitation", ajoute-t-il.
Ce que l'on attend vraiment de l'industrie de l'IA, ce n'est pas seulement de créer des chatbots, mais d'adapter cette énorme capacité de traitement de l'information et d'apprentissage à d'autres applications quotidiennes ou spécialisées.
"Avec une application de réservation de restaurant, en intégrant l'intelligence, vous pouvez déjà lui dire dans le chat de recommander un endroit qui est végétalien, qui est ouvert le soir jusqu'à 00 h 00. L'application vous donne la liste et vous lui dites où vous voulez réserver", explique M. Carreon.
3. Exemples de sources d'information
Google et certains experts ont souligné l'amélioration des capacités de raisonnement mathématique ou de codage dans plus de 20 langages de programmation qu'offre la nouvelle version de Bard.Mais cela n'est perçu que par les professionnels de ces domaines.
Toutefois, l'une des caractéristiques supplémentaires de Bard qui a été mise en avant pour une utilisation régulière par les utilisateurs est l'enrôlement de sources que le chatbot de Google effectue déjà maintenant.
L'IA s'est inquiétée des "hallucinations" que peuvent présenter ces chatbots. C'est le nom donné aux informations erronées, inexactes ou imparfaites qu'ils produisent à partir de leurs énormes banques de données et de leur propre capacité à les produire sur la base de l'apprentissage.
Bard affiche désormais les multiples sources à partir desquelles il a extrait des informations, ce que ChatGPT ne fait pas. Cela contribue à renforcer la confiance dans les résultats, qui peuvent être vérifiés.
Pour M. Carreon, ces informations sont précieuses, mais il invite à la prudence et à un jugement critique sur ce que le chatbot présente.
"L'IA accède à l'information à partir de son pool de données. Mais il est également vrai qu'elle génère des informations, car le modèle apprend. Il y aura des informations qui ne viendront pas d'un endroit particulier", explique-t-il.
"S'il a déjà appris qu'il existe une bonne solution à un problème, il ne vous donnera pas nécessairement des liens." Mais comme il y a encore des erreurs dans ces programmes, il est très important que toutes les personnes qui utilisent l'IA vérifient le résultat final, parce qu'il y a parfois des erreurs.
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L'objectif des développeurs a été de créer un outil capable d'imiter l'apprentissage et le raisonnement humains.
"Comme le dit Bill Gates, la recherche telle que nous la connaissons aujourd'hui est appelée à disparaître. Cela a d'énormes implications, non seulement pour Google, mais aussi pour tous les éditeurs de contenu qui utilisent Google comme principale plateforme de trafic", explique-t-il.
"Je pense que beaucoup de gens ne réalisent pas encore que cela va tout changer, mais de manière brutale. Et c'est déjà en train de se produire, il y a déjà beaucoup de choses qui changent."
