Actualités of Friday, 31 March 2017

Source: cameroon-info.net

Italie: les propos de Paul Biya jugés imprudents

Célestin Bedzigui, vice-président de l’UNDP Célestin Bedzigui, vice-président de l’UNDP

L’homme politique Célestin Bedzigui juge maladroite la sortie du chef de l’Etat camerounais devant le patronat italien. Célestin Bedzigui a commis une tribune libre publiée dans La Nouvelle Expression (LNE) du 30 mars 2017.

En se ventant devant le patronat italien pendant sa visite officielle dans leur pays de ce que son régime est en place depuis plus de 30 ans, le Président Biya a ignoré que dans l’analyse du risque-pays, la longévité au pouvoir est considérée comme une preuve de ce que les mécanismes démocratiques sont grippés, ce qui est un facteur d’incertitude et agit négativement sur l’attractivité du pays.

Ce constat qui est déjà intériorisé dans les milieux financiers internationaux est l’une des raisons pour laquelle des investisseurs de référence ne déposent pas leurs valises au Cameroun depuis des années. Résultat : le financement des investissements au Cameroun est presque exclusivement effectué par les prêts-projets dont le niveau d’exigibilité est élevé et dont les remboursements pèsent lourdement sur le service de la dette du pays qui sera de plus de 700 milliards FCFA en 2017, alors que les recettes pétrolières attendues seront inférieures à 400 milliards FCFA.

Ce ne serait pas le cas si une politique avisée du gouvernement, une partie substantielle du financement des investissements dans le pays se faisait en capitaux apportés par les investissements directs étrangers dont le flux est déterminé par l’attractivité du pays, celle-là même sur laquelle le propos imprudent du Chef de l’Etat aura en effet négatif. Et pourtant, par rapport au budget de l’Etat, l’exigibilité des investissements directs étrangers apportés par le secteur privé en capital est nulle et ces investissements n’impactent pas sur le service de la dette publique.

Le Cameroun restera donc dans l’étau que constitue le déséquilibre de la structure du financement de son économie où les emprunts de l’Etat tiennent une part dominante, avec la charge excessive du service de la dette qui en découle. Ce sont les effets de ce déséquilibre qui nous jettent à nouveau dans les bras du FMI comme cela s’annonce.

Certains parleront d’une bourde présidentielle…Oui. Elle aurait pu être évitée si les champions du discours économique électoraliste que sont ses ministres en charge des affaires économiques se donnaient la peine de l’imprégner de nouvelles problématiques. Et ne demeure que l’imposture.