Dans un message poignant publié sur son compte Facebook, Serge Pouth un journaliste de la Cameroon Radio Television (CRTV) a annoncé le décès de sa mère. Cette triste nouvelle coïncide avec une autre épreuve personnelle : l'amputation de sa jambe.Le journaliste, dont l'identité n'a pas été révélée, a partagé son chagrin avec ses abonnés, exprimant sa douleur face à cette double tragédie. La perte de sa mère et la nécessité de subir une amputation représentent des défis émotionnels et physiques considérables pour lui.
« Je viens de perdre ma mère, ma maman …
Je n’ai pas voulu prendre la plume pour vous dire que je suis hospitalisé à l’Hôpital Central de Yaoundé, à cause de l’amputation de mon pied droit. Je voulais que ça reste entre nous… Cette fois ci je ne peux m’empêcher de partager avec vous ma douleur. Quelque chose de plus grave: je viens de perdre ma mère, ma maman ! Il y a tout juste quelques heures, avant ou après minuit. On nous a appelés, mon jumeau et moi, tout à l’heure pour nous dire que c’est fini. On va l’amener à la morgue de l’hôpital.
L’évocation de cette disparition est spéciale parce que, il faut que je vous le dise, lorsque j’ai été interné à l’hôpital c’était justement à cause d’une complication du diabète. J’ai eu ma mère au téléphone qui était toute en larmes. Je redoutais ça parce que j’avais peur qu’elle fasse un choque; mais un ou deux jours plus tard après l’amputation de mon pied, on m’appelle pour me dire qu’on va enlever une sorte d’ongle incarné du pied de ma mère. Donc on va l’hospitaliser.
Les choses sont allées vite…On lui a coupé un orteil, puis quelques parties de la plante des pieds. Plus grave, le médecin traitant a dit qu’il aurait dû lui amputer toute la jambe. On apprendra après que sa glycémie est tombée à 0.90; puis soudain elle a été mise sous assistance respiratoire. Et le médecin a dit que son cœur a lâché. Cette assistance respiratoire, elle va la vivre pendant 2 à 3 jours. Au 3eme jour on la ramène à la maison; en comptant sur la prière on se dit qu’elle va reprendre vie. Mais cette nuit maman est partie, souffrant du même mal que moi.
Vous imaginez que je suis déchiré…déchiré, très apeuré parce que je n’ai pas encore un vrai pronostic pour m’en sortir pour mon rétablissement total. Pour l’instant à l’hôpital , on essaie de dégager tout ce qu’il y a comme risque d’infection sur ce qui me reste de pied; pour éviter que la gangrène monte. Quand est-ce que la plaie va cicatriser ? Quand est-ce que après cicatrisation, je vais réussir ma rééducation ? Ça va durer combien de temps ? Aurai-je le temps de faire une prothèse avant d’accompagner maman? Verrai-je le corps de ma mère ? Pourrai-je lui parler?
Je suis assez troublé…très troublé d’autant que maman représentait tout pour mes frères et sœurs et moi, presque tout! Fille de Monsieur PENDA BANIOK, qui était le président de l’association Solidarité Bambibi, un grand combattant de la guerre d’indépendance. Elle a fait ses classes dans les maquis puis s’est retrouvée à Douala. C’est ainsi qu’au Lycée Joss elle fait la rencontre d’un ancien parisien tout juste débarqué de Saint-Cyr, Monsieur POUTH François. Il auront leurs premiers enfants. Ils partiront de Douala pour Garoua. Ils y vivront sans problème.
Puis soudain on va passer de la cime vers l’abîme, avec la séparation de corps de mes parents. C’est une période infernale qui nous ramène à Douala et qui voit comment la famille se détruit. Ils feront 35 ans de séparation de corps. Mais avec Dieu, rien n’est fini. Un matin de février 2009, c’est la réconciliation: papa et maman se retrouvent sous le même toit après tant de brisures. Elle va se battre pour que les trois dernières années de papa se passent comme dans un vrai couple. Il décède en 2009. Depuis ce temps là, et bien avant, nous étions totalement gérés par elle. Elle s’est sacrifiée ! Elle a tout donné de son vivant! Il ne me souvient pas, pendant qu’ils etaient séparés, de l’avoir vue avec un seul homme. Vous ne pouvez pas deviner ce que ça fait…si elle s’était remariée, si elle avait eu plusieurs vies volages nous nous serions détruits. Elle s’est sacrifiée pour nous!
Ce que je sais c’est que mes frères et sœurs, mon jumeau et moi devons tout à Marie Emerantienne POUTH aujourd’hui partie. Je rends grâce à Dieu qu’elle lui ait donné sa vie longtemps avant. Et je le bénis et prie de nous permettre de supporter ce choc. Merci à tous d’accepter ce partage. Adieu maman ! »