Une conférence-débat, organisée dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la démocratie, a été interdite mardi 15 septembre 2015 au Palais des sports de Yaoundé. L’Ong Dynamique citoyenne que dirige le syndicaliste Jean Marc Bikoko entendait par cette conférence-débat, lancer une campagne portant sur l’alternance dans des pays africains dont le Cameroun, et mettre en place la « Coalition nationale Tournons la page », a-t-on appris.
De sources médiatiques, la rencontre a été brutalement interrompue par le sous-préfet de Yaoundé 2ème, Ousmanou Nji Yampen, appuyé par les éléments des commissaires divisionnaires Martin Fossoua et Chetima Malla, central N°1. Jean Marc Bikoko et cinq de ses compagnons ont été arrêtés et sont encore détenus dans les cellules du Gmi à Yaoundé.
Selon Emmanuel Edou, avocat de Jean-Marc Bikoko, contacté par Jeune Afrique, les forces de l’ordre estiment que Jean-Marc Bikoko et son organisation n’avait pas obtenu l’autorisation de tenir cet événements. L’intéressé a quant à lui répondu aux enquêteurs que, ne s’agissant pas d’une manifestation mais d’un colloque, il avait estimé ne pas avoir besoin d’un tel sésame des autorités. Son dossier doit être transmis au substitut du procureur, qui se chargera de donner suite, ou non, à cette affaire.
Jean Marc Bikoko a plusieurs fois eu maille à partir avec les autorités du pays. En 2007 il fut arrêté devant le palais de l'Assemblée nationale suite à une marche organisée par la Centrale syndicale du secteur public (Csp), dont il est le président et qui entendait exiger une amélioration des conditions de vie et de travail des employés de l'Etat. La bataille pour un mieux-être des salariés du public, M. Bikoko, enseignant d'histoire-géographie de lycées et collèges dans le civil, la mène depuis de longues années. Selon le journaliste Félix C. Ebolé Bola, il persiste là où beaucoup auraient rendu les armes.
Entre 1994 et 1995, non seulement il vit sans salaire, mais en plus il est révoqué du corps de la Fonction publique. Son activisme dans le mouvement syndical ne plait pas au régime. C'est la chambre administrative de la Cour suprême qui le réhabilite. Il ne pavoisera pas bien longtemps. De 1995 à 1999, on lui coupe de nouveau les vivres. Sans revenus, Jean Marc Bikoko, doit se contenter de dons et de libéralités.
Fin mars 1995, le premier congrès ordinaire du Syndicat national autonome de l'enseignement secondaire (Snaes), tenu à Yaoundé, le porte à son secrétariat général. C'est véritablement l'entrée en scène de celui qui considère que « le Cameroun ne saurait continuer de se prévaloir d'être un Etat démocratique, tout en continuant de perpétuer des pratiques d'embrigadement d'une autre époque ».