Cinq ans après avoir qualifié le nationaliste camerounais Ernest Ouandié de « chef bandit », le Ministre délégué auprès du Ministre de la Justice, Jean de Dieu Momo, fait preuve d'humilité en revisitant ses propos. Lors d'une récente déclaration, il a admis avoir réfléchi sur l'impact de ses paroles et leur résonance dans la mémoire historique du Cameroun.
En 2020, la formulation avait suscité une large indignation, particulièrement dans les milieux nationalistes et historiques du pays. Ernest Ouandié, l'une des figures emblématiques de la lutte pour l’indépendance, avait en effet été réhabilité en tant que héros national par une loi en décembre 1991. Conscient de l’injustice faite à sa mémoire, Jean de Dieu Momo a exprimé son regret dans une déclaration empreinte de responsabilité, citant notamment les propos du Président Paul Biya.
« Il faut savoir capituler. Aussi je capitule et me retire des débats devant la pertinence de ce que le président Paul Biya a dit il y a quelques jours », a-t-il reconnu. Il faisait référence au discours du chef de l'État lors de la réception du rapport de la Commission franco-africaine sur les violences coloniales. Dans ce discours, Paul Biya avait honoré le rôle des nationalistes dans l’indépendance du Cameroun, soulignant que « leur œuvre a été saluée et officiellement réhabilitée ».
Jean de Dieu Momo a souligné l’importance de ne pas réduire l’histoire du Cameroun à des conflits intercommunautaires ou à des divisions idéologiques. Il a ainsi appelé à un débat apaisé et à une réorientation des discussions sur une histoire commune qui valorise l’héritage de ceux qui ont lutté pour l’indépendance. « Je suis d’avis que nos héros nationaux aient la reconnaissance de la Nation et qu’ils retrouvent le panthéon qu’ils méritent, conformément à la loi de décembre 1991 qui les a réhabilités », a-t-il ajouté.
Dans cet esprit de réconciliation historique, le ministre a exprimé son souhait de voir les rues des villes camerounaises porter les noms des héros nationaux. Il a déclaré que cela serait un acte de justice envers leur mémoire.
Jean de Dieu Momo a également reconnu que certaines de ses récentes déclarations sur les réseaux sociaux étaient en contradiction avec la teneur de son propre ouvrage intitulé De l’union pour le changement à l’unité par le rassemblement : au-delà des idées reçues et contentieux idéologique et axiologique. Dans cet ouvrage, il prône l’harmonie et le vivre-ensemble, des principes qu’il entend désormais appliquer dans ses engagements futurs.
« Mea culpa », a-t-il conclu.