Alors que de nombreux évêques camerounais ont exprimé leur désaccord face à la présumée volonté de Paul Biya de briguer un nouveau mandat présidentiel en 2025, Jean Mbarga, archevêque de Yaoundé, se distingue comme l’un des plus fidèles soutiens du chef de l’État. Selon des informations exclusives de Jeune Afrique, cette loyauté pourrait être récompensée par un soutien à son ascension vers le Collège des cardinaux, une perspective qui ne laisse pas indifférents les cercles religieux et politiques du Cameroun.
À 62 ans, Jean Mbarga incarne une figure majeure de l’Église catholique camerounaise. Ordonné prêtre en 1981, il a gravi les échelons avec une habileté remarquable, passant par des postes clés tels que recteur du séminaire de Nkolbisson, économe diocésain, évêque d’Ebolowa-Kribi, avant d’accéder au titre d’archevêque de Yaoundé en 2014. Son parcours est marqué par une proximité assumée avec les sphères du pouvoir, notamment avec le palais présidentiel d’Etoudi. Cette relation privilégiée avec Paul Biya a été mise en lumière lors des récents débats sur les ambitions électorales du président, auxquels Mbarga a répondu en défendant le chef de l’État contre les critiques émises par certains de ses pairs.
Une ascension marquée par les alliances politiques
La position de Jean Mbarga au sein de l’Église catholique camerounaise n’est pas sans controverse. Alors que des figures comme Barthélemy Yaouda Hourgo, évêque de Yagoua, ou Samuel Kleda, archevêque de Douala, se sont ouvertement opposés à Paul Biya, Mbarga a choisi de maintenir une ligne proche du pouvoir. En janvier 2025, lors de la 48e conférence épiscopale à Buéa, il a quitté précipitamment les débats pour assister à la cérémonie de présentation des vœux au président Biya, un geste perçu comme un symbole fort de son allégeance.
Cette proximité avec le régime n’est pas nouvelle. En 2014, après la mort de Joseph Befe Ateba, alors archevêque de Yaoundé, Jean Mbarga a été choisi pour lui succéder, malgré les réticences initiales du Vatican. Soutenu par le palais présidentiel, il a rapidement consolidé son autorité en écartant les proches de son prédécesseur, Victor Tonye Bakot, et en installant des hommes de confiance à des postes clés. Son style direct et sans compromis lui a valu le surnom de « Fochivé », en référence à l’ancien patron de la police politique sous Ahmadou Ahidjo.
Un archevêque au cœur des tensions politico-religieuses
Jean Mbarga ne se contente pas de naviguer habilement dans les eaux troubles de la politique camerounaise ; il impose également son autorité au sein de l’Église. Il a notamment engagé un bras de fer avec la communauté Saint-Jean au sujet de la gestion des fonds du prestigieux collège Vogt, un établissement qui échappe au contrôle direct de l’archidiocèse. Cette détermination à asseoir son pouvoir lui a valu des critiques au sein de la conférence épiscopale, où il peine à rallier les évêques frondeurs.
Malgré ces tensions, Mbarga peut compter sur des alliés influents, tant dans les cercles politiques que religieux. Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général à la présidence de la République, et Bruno Ateba Edo, évêque de Maroua-Mokolo, figurent parmi ses principaux soutiens. Reste à savoir si cette alliance avec le pouvoir lui ouvrira les portes du Collège des cardinaux, une ambition qui semble plus que jamais à portée de main.