Jeune Afrique a récemment publié un article examinant l'École Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM) au Cameroun, qui joue un rôle essentiel dans la formation de l'élite administrative du pays. L'article révèle comment cette institution est devenue un symbole de privilège de classe et souligne les défis auxquels elle est confrontée.

Chaque année, environ 10 000 étudiants au Cameroun tentent de décrocher l'une des 400 places offertes par l'ENAM, considérée comme l'école d'élite du pays. Elle ouvre les portes de la haute administration, offrant un emploi stable et une promesse de succès social.

Fondée en 1959, l'ENAM visait à former l'élite administrative du Cameroun post-indépendance pour diriger le pays. Cependant, malgré les récentes réformes en faveur de la décentralisation, les fonctionnaires diplômés de l'ENAM restent souvent des acteurs clés du pouvoir centralisé de l'État, suscitant des critiques quant à leur capacité à s'adapter à la nouvelle configuration de l'État.
L'histoire récente de l'ENAM est marquée par plusieurs scandales liés à la sélection des étudiants et à la qualité de ses effectifs. En 2017, l'annulation des résultats du concours d'entrée a suscité une vive controverse. Les autorités ont officiellement déclaré vouloir "assurer une meilleure prise en compte de la diversité imposée par les textes réglementaires". Les nouveaux résultats ont ajouté 200 noms supplémentaires, y compris celui d'un candidat décédé avant les oraux.

Des observateurs scrutent attentivement les listes d'admis à la recherche d'éventuelles anomalies ou de violations des quotas régionaux, imposés par la loi pour promouvoir la diversité dans les grandes écoles du pays. Malgré des améliorations dans le respect de ces quotas, il est noté que l'ENAM continue d'admettre en majorité des étudiants issus d'une classe sociale aisée.

La sélection du directeur de l'ENAM est également l'objet de luttes de pouvoir, suscitant des rivalités internes. Malgré les critiques, l'école demeure influente, de nombreux hauts responsables gouvernementaux ayant été formés à l'ENAM.

Cependant, certains acteurs du secteur privé regrettent que l'ENAM ne prépare pas suffisamment les étudiants aux réalités du monde des affaires et aux techniques de gestion modernes. Des diplômés de l'ENAM ont également été impliqués dans des affaires de mauvaise gestion et d'atteintes à la fortune publique.

L'ENAM a entrepris une réforme de ses programmes depuis 2020 pour faire taire les critiques et moderniser sa formation administrative. Cependant, l'école reste confrontée au défi de tourner la page d'une histoire controversée, profondément enracinée dans le modèle jacobin hérité de la colonisation.
En 2020, l'ENAM a lancé un programme de révision de ses programmes pour moderniser la formation administrative. Cependant, l'article met en évidence les défis auxquels cette institution est confrontée pour tourner la page d'une histoire controversée.