Dans un article récent, Jeune Afrique met en lumière l'influence du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), dirigé par Paul Biya, dans l'élection du nouveau lamido de Maroua, une ville située dans la région de l'Extrême-Nord. Cette élection, qui s'est tenue le 16 septembre, a vu Abdoulaye Yérima Bakary, âgé de 53 ans, accéder à la tête de l'institution coutumière la plus puissante de Maroua.

Cette nomination intervient suite au décès de son frère, El Hadj Yérima Bakary Bouba Alioum, survenu le 17 juillet à l'hôpital général de Yaoundé des suites de maladies. Abdoulaye Yérima Bakary, également Lawane de Dogba (chef de troisième degré), est le fils de Yérima Bakary et le petit-fils du lamido Mohamadou Sadjo, qui a régné sur le lamidat pendant 36 ans. Selon les traditions politiques et coutumières camerounaises, la désignation des lamidos est ordonnée par le chef de l'État, et Paul Biya a respecté cette règle.

Dans une correspondance adressée au ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, puis transmise au préfet du Diamaré, Jean Marc Ekoa Mbarga, le président camerounais recommande que les consultations pour la désignation du nouveau lamido se déroulent dans la "liberté, la transparence totale" et par voie électorale.

L'élection du lamido est un événement majeur dans le Grand-Nord du Cameroun, où le lamidat est considéré comme une institution sacrée. Le jour de l'élection, l'arrière-cour de la chefferie a été envahie par des candidats, des électeurs et des responsables politiques, nécessitant un important dispositif de sécurité. Le préfet de la région a annoncé le début des consultations en demandant une minute de silence en mémoire d'El Hadj Yérima Bakary Bouba Alioum, suivi d'une prière prononcée par El Hadj Mahmoud Mal Bakari, grand imam de Maroua.

Selon les recommandations d'un communiqué officiel consulté par Jeune Afrique, le préfet, en collaboration avec des notables, avait statué sur les candidatures quelques jours avant l'élection. Le critère de sélection exigeait que les candidats soient fils ou petits-fils de lamibés. Au total, 38 candidats se sont positionnés, parmi lesquels des commerçants, des étudiants, des banquiers et des directeurs. Sur les 25 dossiers retenus, 15 étaient des fils de lamibés et 10, des petits-fils.

En ce qui concerne les électeurs, 36 notables ont été approuvés, mais seuls 33 d'entre eux ont finalement voté pour départager les candidats. Quelques-uns étaient dans l'incapacité de voter, et la procuration d'un autre a été rejetée.

Après des élections à bulletin unique tenues à huis clos, le préfet a annoncé la victoire d'Abdoulaye Yérima Bakari, qui a obtenu 24 voix contre 5 en faveur de Boubakary Yérima Halilou, ancien ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. Les quatre autres candidats ont récolté une voix chacun. La désignation du lamido doit encore être homologuée par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, dans les jours à venir.

Abdoulaye Yérima Bakari, un cadre du RDPC dans le Diamaré, est également un homme d'affaires influent avec un vaste réseau au sein du sérail politique camerounais. Certaines parties de l'opinion voient dans son élection l'influence du RDPC, surtout dans le contexte de l'élection présidentielle prévue en 2025.