Le ministre de la défense Beti Assomo vient d'annoncer une enquête, suite à la publication d'images où on voit des membres des forces de l'ordre torturer l'artiste Longue Longue.
Je salue cette initiative car vous n'aurez jamais une telle réaction rapide des phénomènes comme Fame Ndongo, Atanga Nji...
Je ne connais pas ce ministre mais de ce que j'en sais, c'est le "moins pire" des fossoyeurs de la République: lui au moins fait preuve de bonne éducation.
Certains sont dubitatifs et c'est compréhensible. D' autres estiment qu'il joue au petit malin car il devait être au courant de cette macabre histoire.
BETI ASSOMO POUVAIT NE PAS ÊTRE AU COURANT.
Quand on connaît ce pays, c'est bien possible: je vais vous raconter, sans doute pour la seconde fois, le malheur qui s'était abattu sur Paul Pondy, le père de l'actuel Directeur de l'IRIC Emmanuel Pondy.
De 1982 à 1993, le commissaire divisionnaire Pondy est l'Ambassadeur du Cameroun aux États-Unis. Un jour, des activistes anglophones débarquent dans mon bureau fous de rage.
Ils me montrent un courrier confidentiel venant de l'Ambassade des USA, adressé aux hautes autorités de la République: une liste des activistes anti-regime y est jointe.
Le problème est que chaque fois qu'un arrivait au pays, il était arrêté dès l'aéroport et transféré vers une destination inconnue.
PAUVRE COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE PAUL PONDY
Après vérification de cette information, je la publie à la une de mon journal tiré à 70 000 exemplaires avec ce titre: "CHASSE A L'HOMME A WASHINGTON"
Le soir même, le commissaire Pondy m'appelle depuis les USA. C'est un homme meurtri qui s'adresse à moi en ces termes: "Vous êtes bien le fils de Françoise"? "Contactez vos parents pour savoir qui je suis et je vous rappelle plus tard".
Mes parents m'expliqueront qu'après l'affaire Monseigneur Ndongmo (qui était presque un frère pour mon père) et l'épisode où ma mère avait répondu à la gifle de l'épouse du ministre Jean Ketcha, le Commissaire Pondy leur avait été d'un grand secours.
Lorsque l'Ambassadeur m'appelle quelques jours plus tard, je sens un homme brisé qui me raconte le fond de l'affaire. Il m'explique que ce courrier vient bien de l'ambassade mais, qu'il n'était pas au courant.
Il me dit sans le dire tout en le disant qu'à l'ambassade, de nombreux membres du clan tribal de Paul Biya agissent dans son dos et il ne se rend compte que quand il est trop tard.
Je ne pense pas qu'il se soit remis de cette affaire, car il m'expliquait que jamais, il ne ferait une telle chose à ses enfants.
Quelques temps plus tard, il perdra son poste.
CE PAYS SOUS PAUL BIYA N'A AUCUNE ORGANISATION LOGIQUE.
Dans cette affaire Longue Longue, les commanditaires peuvent ne rien avoir avec l'armée : il y a des zélés partout prêts à tuer s'il le faut, pour faire plaisir à un parrain caché ou au "parrain des parrains".
Beti Assomo joue gros dans cette affaire car si de nombreux camerounais veulent la "tête" de la plupart des ministres, beaucoup se contenterait d'un orteil en ce qui le concerne: mais pour combien de temps ?