Après la condamnation populaire, Kamdem Guy Alain alias Capello, va désormais répondre des faits qui lui sont reprochés devant les autorités judiciaires. Avec l’aide de l’association CAD AID Foundation, une plainte collective est déposée contre Capello au tribunal de première instance de Bafoussam par ses présumées victimes. Selon le document consulté par la rédaction de CamerounWeb, le patron de Capefoot est accusé « d'outrage privé à la pudeur, viol, harcèlement et homosexualité ».
Les victimes racontent dans la plainte comment Kamdem Guy Alain les soumettait à des séances de masturbation forcées. Pour l’ONG CAD AID, « avoir une académie de football ne vous donne pas le droit d'abuser des enfants ». Elle appelle d’autres victimes à venir témoigner. « Merci aux victimes et aux dénonciateurs. « Ensemble nous vaincrons. On ne lâche rien. Merci de continuer à témoigner via nos contacts et aussi par mail contact@cad-aid.org », écrit l’ONG qui a sorti un hash-tag pour envoyer Capello en prison (#capellodoitallerenprison).
Retour sur l’affaire
On s’attendait à une enquête qui concernerait de présumés cas d’abus sexuels sur mineurs dans un club de foot à Bafoussam dans la région de l’Ouest. Romain Minola en a livré plus. Selon les ré-centes révélations du journaliste d’investigation français, la pédophilie n’est pas un phénomène isolé dans le football camerounais. Même la sélection nationale ne serait pas épargnée.
Dans son enquête, Romain Minola a donné la parole à un ancien international camerounais qui avoue avoir reçu des propositions indécentes très jeune.
« Parti de rien, Alain Wabo, décédé en octobre 2010 à 38 ans, avait grimpé tous les échelons, obte-nant même le poste d’entraîneur de l’équipe des juniors du Cameroun. « C’est dire à quel point la pédophilie est répandue dans notre milieu, souffle un ancien international. Je ne peux pas trop parler publiquement car nous vivons dans l’omerta mais Capello m’avait fait des propositions sexuelles, pour intégrer la sélection. J’avais 16, 17 ans… On en parlait entre nous, c’était normal : si tu voulais jouer avec lui, il fallait coucher. », peut-on lire dans l’enquête.
Des ramifications à la FECAFOOT
Les autorités camerounaises en charge du football seraient bien au parfum des dérives sexuels de certains encadreurs. Le président de la Fédération camerounaise de football reconnu pour son in-tolérance à ce genre de pratiques a surpris le journalisme par son inaction. En effet Samuel Eto’o est mis au courant des agissements de Kamdem Guy Alain, dit « Capello » le fondateur de l’académie Capefoot. Pire, les contacts du présumés prédateur sexuels au sein de la Fecafoot con-naissent des promotions.
« Après avoir reçu des enregistrements de témoins relatant les faits ainsi que le contact d’une vic-time présumée prête à parler à la FECAFOOT, Eto’o avait promis « qu’une personne de confiance » se chargerait de contacter ce témoin. Neuf mois plus tard, ce dernier n’a reçu aucun appel. Et Kamdem Guy Alain (Capello 1) continue d’exercer à Bafoussam. Pire, son mentor Joseph Feutcheu a été nommé en septembre dernier vice-président de la commission des compétitions nationales et internationales à la FECAFOOT. Une promotion validée par Samuel Eto’o lui-même. Parmi les promotions validées début septembre par la fédération camerounaise de football, Joseph Feut-cheu figure en bonne place », rapporte l’enquête.
Et pourtant les témoignages des présumés victimes de Kamdem Guy Alain sont accablants. L’homme proposerait des séances de masturbation à de nombreux enfants qu’il encadre.
« Capello est revenu en me disant qu’il n’avait pas trouvé de prostituée. Il m’a dit :’Viens, je vais te montrer comme on fait pour se masturber !’ Je ne comprenais rien, je ne voulais pas, il insistait. J’ai prétexté avoir besoin d’aller aux toilettes pour sortir de la maison. Il est venu à côté de la porte des toilettes :’Je vais rentrer pour te montrer comment on se masturbe !’ Plusieurs fois, il a répété ça. Ensuite, j’ai pu fuir. J’ai eu de la chance car je n’ai pas été agressé ou violé mais ça m’a bien trauma-tisé. Je n’étais qu’un gamin… », témoigne une de ses victimes.
Aux dernières nouvelles les autorités camerounaises se seraient saisies du dossier Kamdem Guy Alain.