Accusé d’avoir violé une fillette de 13 ans et incarcéré à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis plus d’un an, le mis en cause a présenté au juge sa demande de mise en liberté provisoire au motif qu’il a été admis au concours de la gendarmerie nationale. Le tribunal a accédé à la demande de ce dernier au nom de la présomption d’innocence.


Joresse Zidane Tcheukam Tiako va retrouver sa liberté dans quelques jours. Ainsi en a décidé le juge du Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi lors de son audience du 10 juin 2022. Détenu à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis le 15 novembre 2021, le jeune homme de 20 ans environ a bénéficié de la clémence du tribunal, qui a, dans une décision intermédiaire, ordonné sa mise en liberté provisoire. Le mis en cause a été traduit en justice par Mme Mandeng Nguend Nathalie, mère de la présumée victime, qui l’accuse d’avoir abusé sexuellement de sa fillette de 13 ans. Ces faits que le jeune homme nie totalement, ont été qualifiés «d’outrage à la pudeur en présence d’une personne mineure de 13 ans suivi de viol».

Dès l’appel de son dossier, M. Tcheukam Tiako a présenté au tribunal sa demande de mise en liberté provisoire, alors que le tribunal s’apprêtait à renvoyer l’affaire à une date ultérieure à la demande de l’avocat de Mme Mandeng, nouvellement constitué. Il a expliqué au tribunal qu’avant son arrestation et son déferrement à la prison centrale de Yaoundé, il était candidat au concours de la gendarmerie nationale section 2021. Il avait heureusement bénéficié des dérogations spéciales lui permettant de poursuivre les épreuves dudit concours et a définitivement été admis. Seulement, sa situation carcérale ne lui permettait pas de rejoindre les rangs de l’armée. C’est la raison pour laquelle, le jeune homme a sollicité sa remise en liberté provisoire pour se rendre au centre d’instruction.

Pour convaincre le tribunal de ses arguments, le mis en cause a annexé à sa requête la liste des résultats définitifs dudit concours ainsi qu’un communiqué radio, qui appelle tous les candidats admis au concours de la gendarmerie nationale section 2021 à rejoindre les rangs de l’armée camerounaise. A la demande du tribunal, Joresse Zidane Tcheukam Tiako a également présenté un garant, une institutrice, domiciliée à Yaoundé.

Dilemme <\b>

Avant de se prononcer sur la demande de mise en liberté sollicitée par l’accusé, la représentante du ministère public est revenue brièvement sur les faits ayant engendré cette procédure. Il raconte qu’à l’époque des faits, Joresse Zidane Tcheukam Tiako était élève en classe de première dans un établissement de Yaoundé et la présumée victime, âgée de 13 ans, était inscrite à la classe de 4eme. «Il y a eu un concubinage de classe entre les deux jeunes, et la fillette a perdu son hymen, comme l’atteste le certificat médical versé au dossier de la procédure», a déclaré le parquet. «Le ministère publique se trouve dans un dilemme, entre une mineure qu’on veut protéger et un jeune homme qui est à la porte de l’emploi. Le parquet s’en remet à la sagesse du tribunal pour démêler l’écheveau» a-t-elle ajouté.

L’avocat de Mme Mandeng Nguend Nathalie, s’est opposé à cette demande. Pour sa part, il a déclaré que depuis le déclanchement de cette affaire, les membres de la famille du présumé violeur n’apportent aucun réconfort à sa cliente. Au contraire, ces derniers montent la fillette contre sa mère, pour avoir refusé de prendre les 250 milles francs qui lui ont été proposés au départ pour un arrangement à l’amiable. «Je suis gêné par cette demande. C’est un cas social. Si l’accusé était poursuivi pour un simple vol, ça allait se comprendre. Mais madame la présidente, il a violé une fille de 13 ans. Il a détruit la vie de cette dernière, qui n’aura plus le désir d’aller avec un homme dans sa vie», a déclaré l’homme en robe noire.

Au terme des débats, le juge a ordonné la libération sous garant personnel de Joresse Zidane Tcheukam Tiako. Cette décision permet désormais au jeune homme de rejoindre ses camarades en attendant l’issue du procès.