Il faisait partie des tous premiers à avoir annoncé l’arrestation d’Amougou Belinga la semaine dernière. Même si l’information a été démentie par les proches du sulfureux homme d’affaires, il a toujours campé sur sa position. Désormais c’est officiel. Amougou Belinga est interpellé et interrogé au SED. David Eboutou puisque c’est de lui qu’il s’agit ne cache pas sa satisfaction. Il a d’ailleurs plusieurs raisons de jubiler. En plus de son combat pour l’éclatement de la vérité dans l’affaire d’assassinat de Martinez Zogo, David Eboutou a lui aussi été victimes des pratiques malsaines d’Amougou Belinga.
Lisant le communiqué du chef du département du communication du groupe l’Anecdote, David Eboutou s’étonne que l’auteur de la note soit choqué par l’arrestation d’Amougou Belinga sans convocation. Il a tenu à lui rappeler que c’était le même traitement que Amougou Belinga lui avait réservé.
« Madame la porte-parole du Groupe,pourquoi vous offusquer de ce que votre patron soit interpellé et conduit au SED sans convocation? Est ce que ton patron et ses amis avaient d'abord envoyé une convocation au Docteur David EBOUTOU ? Si tu réponds, alors on va avancer », a-t-il déclaré.
Pour rappel, Amougou Belinga avait réservé également le même traitement à l’ancien directeur de Vision 4 Ernest Obama accusé à l’époque d’avoir détourner les fonds de la télévision qu’il dirigeait.
En route vers Kondengui
Amougou Belinga subit actuellement une audition en lien avec l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, dont le corps a été découvert le 22 janvier 2023 Ebogo, situé à 15 kilomètres au nord de Yaoundé.
Selon une source bien informée de Camerounweb, les évènements pourraient évoluer dans une autre direction. Il a été rapporté qu’ « un véhicule de la prison centrale de Kondengui tourne autour du groupement ».
Kondengui est la prison principale de la région du centre du Cameroun. Et nos informations indiquent que le PDG du groupe Anecdote pourrait y être incarcéré cette nuit.
Le fait qu’on lui ait apporté des vêtements pour se changer prouve à quel point la situation est grave pour Amougou Belinga.
Des informations obtenues par Reporters sans frontières permettent d’avoir une compréhension succincte de la participation de l’homme d’affaires dans l’assassinat du journaliste.
Les enquêtes de Reporters Sans frontières
Le lieutenant-colonel décrit de manière précise une opération de filature qui a duré une semaine pour connaître les habitudes du journaliste jusqu’à son enlèvement dans la soirée du 17 janvier par des éléments de la DGRE, dont Justin Danwe lui-même, qui a constitué le groupe. Martinez Zogo est alors amené dans un immeuble en construction appartenant à Jean-Pierre Amougou Belinga, un homme d’affaires puissant impliqué, selon le journaliste, dans des opérations de détournements de fonds présumés.
Selon Justin Danwe, Jean-Pierre Amougou Belinga aurait asséné des coups au journaliste dans le sous-sol de son immeuble. L’homme d’affaires aurait alors appelé Laurent Esso, le garde des Sceaux dont il est proche, afin de lui demander quel sort réserver au présentateur radio. D’après ce témoignage, le ministre, un des hommes les plus puissants du régime, lui aurait alors répondu de “finir le travail” pour éviter une nouvelle affaire Paul Chouta, un journaliste laissé pour mort au bord d’une route l’année dernière, après avoir été passé à tabac par un mystérieux commando, qui n’a jamais été identifié.
L’homme d’affaires n’aurait pas assisté à la “fin du travail” que Justin Danwe reconnaît avoir effectué avec ses hommes. Selon des informations obtenues d’une source médicale par RSF, le corps du journaliste a été sévèrement mutilé : doigts coupés, multiples fractures au niveau des bras et des jambes, barre de fer enfoncée dans l’anus…
L’enquête qui est dirigée par une commission mixte composée de gendarmes et de policiers mis en place sur instruction du président de la République Paul Biya, a donc connu des avancées notables au cours des derniers jours. Jusqu'où ira-t-elle ? Selon nos informations, d’autres personnalités importantes dont plusieurs ministres proches de Jean-Pierre Amougou Belinga pourraient avoir été mises au courant et pourraient même être impliquées dans le projet ayant conduit à l’assassinat de Martinez Zogo.