Ces détenus avaient déjà purgé leurs peines, mais restaient en prison du fait de lenteurs administratives. Evènement à la prison centrale de Yaoundé. Hier, 54 personnes condamnées pour escroquerie ou vol simple par le Tribunal de première instance de Yaoundé centre-administratif ont recouvré la liberté, bulletin de levée d’écrou en main. Ils avaient dans l’ensemble purgé leurs peines. Mais pour défaut de transmission de la décision d’audience à la prison, entre autres lenteurs judiciaires, ils restaient emprisonnés.
Depuis des mois pour les uns et jusqu’à trois ans ou plus, pour les autres. Le ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Laurent Esso a décrié la surpopulation carcérale lors de la récente réunion des chefs de cours à Yaoundé et appelé les magistrats à se mettre en branle, pour résoudre le problème.
Et aux lendemains de ces assises, Georges Gérard Meka, procureur de la République près le Tribunal de première instance de Yaoundé Centre-administratif a engagé des contrôles pour vérifier qui est encore en prison alors qu’il devrait être libre. Et au bout du processus, il s’est avéré que 250 détenus venant de cette juridiction devaient vaquer librement à leurs occupations depuis des années déjà.
Hier après-midi, le rêve de 54 de ces prisonniers s’est réalisé. Signe particulier, zéro bagage à la sortie. Ils n’avaient pour l’essentiel qu’un pantalon ou une culotte délavée et un t-shirt. Le sourire aux lèvres mais la peur du lendemain dans le ventre. Agés de 15 à 30 ans, la plupart avaient l’air d’enfants abandonnés. Ils ont volé dans une boutique du quartier ou escroqué un proche et au sortir de la prison, la destination n’était pas connue. « La décision de ma libération a été prononcée le 5 novembre 2014. Je remercie le procureur de la République et je promets de ne plus voler. Je rentre dans mon village à Pouma. Je n’ai plus où rester à Yaoundé », a indiqué Happy Elie Pascal, détenu libéré.
Les autres devront attendre la fin des investigations en cours. Car d’après le régisseur, ne peuvent sortir de prison que les personnes qui ont rempli toutes les conditions requises. Le procureur de la République a indiqué qu’il « s’attendait à voir un grand nombre gagner la sortie. 54 c’est peut-être peu, mais c’est un début. La mission de la justice n’est pas de maintenir les individus en prison. Après la sentence, ils doivent sortir », a-t-il expliqué.
Avec une capacité d’accueil de 1500 places, cet espace carcéral comptait 4169 détenus. 1168 condamnés et 2806 prévenus. Médard Bomotoliga Koalang, le régisseur tout comme, Jean-Baptiste Nguini Effa, porte-parole des prisonniers ont remercié le procureur de la République pour cette initiative. En revanche, ils ont souhaité que ceux d’autres juridictions suivent.