Le journalisme au Cameroun continue de payer un lourd tribut à la liberté de la presse, comme en témoigne le cas tragique du journaliste Amadou Vamoulké. En détention depuis sept ans, sa santé se détériore dangereusement, suscitant des inquiétudes parmi les organisations de défense des droits de l'homme.
Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la Radiotélévision publique camerounaise (CRTV), est actuellement âgé de 73 ans et souffre de multiples problèmes de santé, dont une neuropathie sévère, aggravée par les conditions de détention dans la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. Le journaliste souffre également d'asthme, de problèmes dentaires, de glaucome, d'hypertension artérielle et d'une prostatite nécessitant des soins médicaux appropriés, dont certains sont difficiles à obtenir localement.
Depuis son arrestation en juillet 2016, Amadou Vamoulké est détenu sans fondement légal solide et sans preuve tangible. Il a été condamné à douze ans de prison ferme en décembre 2022 pour "détournement de fonds publics", une condamnation qualifiée d'ubuesque par de nombreux observateurs, étant donné l'absence de matériel ou de témoignages sérieux de la part de l'accusation.
Malgré les appels répétés de Reporters sans frontières (RSF) et des Nations Unies à sa libération, la justice camerounaise n'a pas encore réagi favorablement, rejetant systématiquement ses demandes de libération provisoire pour des soins médicaux appropriés.
La détention d'Amadou Vamoulké a été marquée par un acharnement judiciaire et une violation flagrante du droit national et international. Son procès s'est déroulé en violation totale des procédures légales, et la durée de sa détention provisoire dépasse largement les limites légales du pays.
En avril 2023, une procédure d'habeas corpus a été engagée par ses avocats pour demander sa libération, mais cette démarche a été rejetée. Une nouvelle audience est prévue pour le 1er août, offrant une lueur d'espoir à Amadou Vamoulké et à ses défenseurs.
La situation de la liberté de la presse au Cameroun est également alarmante, comme en témoigne sa chute de 20 places dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, se situant désormais à la 138e place.
RSF exhorte une fois de plus les autorités camerounaises à libérer immédiatement Amadou Vamoulké, à lui permettre un accès à des soins médicaux adaptés et à abandonner les charges sans fondement qui pèsent sur lui. La détention de ce journaliste, figure éminente du journalisme camerounais, est devenue un symbole du combat pour la liberté de la presse dans le pays.
En détention abusive depuis sept ans, la santé d’Amadou Vamoulké, figure du journalisme au Cameroun, continue de se dégrader
Le journaliste camerounais Amadou Vamoulké, malade, est en détention depuis 7 ans ce 29 juillet 2023.
Cela fera sept ans, ce 29 juillet, que le journaliste camerounais Amadou Vamoulké, condamné à douze ans de prison en décembre dernier, est en détention. Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de son état de santé et exhorte les autorités camerounaises à lui autoriser un accès à des soins médicaux adaptés, à abandonner les charges retenues à son encontre et à le libérer. Une nouvelle audience est prévue ce 1er août.
“J’ai attrapé plusieurs maladies en prison” témoigne Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la Radiotélévision publique camerounaise (CRTV). Il s’apprête à entamer, ce samedi 29 juillet, sa huitième année en détention. Alors que les Nations Unies, saisies par RSF en 2019, ont estimé que son emprisonnement n’avait aucune base légale, et que sa santé était “préoccupante”, les autorités l’ont condamné, sans fondement, à douze ans de prison ferme en décembre 2022 pour “détournement de fonds publics”. Depuis, sa santé continue de se détériorer.
“La situation d’Amadou Vamoulké relève d’un acharnement judiciaire particulièrement alarmant. Il est absolument intolérable qu’un journaliste – l’une des grandes figures de la presse camerounaise – avec d’aussi sérieux problèmes de santé soit encore en prison et privé de soins médicaux adaptés. Amadou Vamoulké est en détention depuis sept ans sur la base d’accusations sans fondement et sans preuve tangible. RSF s’adresse aux autorités camerounaises et les appelle à libérer le journaliste immédiatement. Sa situation doit être reconsidérée lors de l’audience en appel du 1er août prochain dans la procédure d’habeas corpus initiée par ses avocats.” Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Au moins six pathologies, un accès aux soins refusé
Âgé de 73 ans, Amadou Vamoulké souffre d’une neuropathie “sévère” attestée par deux neurologues. Une maladie “extrêmement douloureuse” selon ses mots, et contractée après son arrivée à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. D’autres troubles sont aussi apparus, comme l’asthme, aggravé par “l’air très malsain respiré au sein de la prison”. Le journaliste souffre également de problèmes dentaires, d’un glaucome, d’hypertension artérielle et d’une prostatite, qui nécessitent des traitements onéreux.
Le journaliste a besoin d’examens et de soins médicaux “ difficiles à réunir sur place”, selon l’un des professeurs et neurologues ayant attesté de son état de santé, Hervé Taillia. Il recommandait, dès 2019, une “hospitalisation en France”. Mais à chaque fois que l’ancien directeur de la CRTV saisit la justice pour demander une libération provisoire afin de réaliser une biopsie, sa demande est rejetée, à l’instar de tous ses recours judiciaires déposés jusque-là.
Une condamnation ubuesque
Poursuivi pour “détournements de fonds publics” au profit de la CRTV, la chaîne de télévision publique qu’il a dirigée entre 2005 et 2016, Amadou Vamoulké est détenu depuis le 29 juillet 2016. Après six ans et demi de détention préventive et un procès renvoyé 150 fois, il a été condamné à douze ans de prison ferme et à verser une amende de 47 millions CFA (70 000 euros). Après son pourvoi, le Tribunal criminel spécial lui a demandé de s’acquitter d’une somme de 390 000 francs CFA (presque 600 euros) pour “frais de reproduction de dossier”.
C’est un acharnement judiciaire et une “séquestration en règle”, selon l’un des avocats du journaliste, Guy Gueyo Kamga, contacté par RSF. Pour lui, la détention d’Amadou Vamoulké s’est d’abord établie “sur la base d’un mandat de détention provisoire illégal”. Le caractère arbitraire et politique de la détention du journaliste n’est en effet plus à prouver : aucun matériel ni témoignage sérieux n’a été fourni par l’accusation, et son procès s’est déroulé en violation totale du droit national et international –- les magistrats auraient dû avoir neuf mois pour rendre leur décision, et le Code pénal camerounais indique que la durée maximale d’une détention provisoire est de 18 mois. Celle du journaliste a duré près de 7 ans.
En avril 2023, Guy Gueyo Kamga a engagé une procédure d’habeas corpus, appelant à la libération d’Amadou Vamoulké au regard du caractère arbitraire de sa détention. Fin juin, cette déposition a été rejetée. L’avocat a fait appel de cette décision. La prochaine audience est programmée pour le mardi 1er août prochain. Pour appuyer cette requête, le journaliste a adressé une lettre au président de la République, Paul Biya, le 9 juin, afin qu’il intervienne en sa faveur. Cette lettre est restée sans réponse.
Le Cameroun a connu une baisse de 20 places par rapport à l’année précédente et occupe désormais la 138e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.