Un citoyen américain d'origine camerounaise, Mba Ndewa Derogy Leotard, est actuellement incarcéré à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé depuis 32 jours, suite à un litige locatif impliquant l'ambassadeur du Cameroun en France, Magnus Ekoumou. Cette affaire suscite des interrogations sur les procédures judiciaires et pourrait avoir des répercussions diplomatiques entre le Cameroun et les États-Unis.



Selon les informations révélées par le lanceur d'alerte Boris Bertolt, Mba Ndewa Derogy Leotard et sa compagne Amber Murray, tous deux de nationalité américaine, étaient arrivés au Cameroun en novembre 2024 et avaient versé un dépôt de garantie de 2 millions de FCFA pour louer une propriété située dans le quartier huppé de Bastos à Yaoundé, appartenant à Magnus Ekoumou, actuel ambassadeur du Cameroun en France.

Ce dépôt aurait été remis à Maffo Stéphanie, présentée comme la gouvernante de la propriété. Cependant, au moment d'emménager, le couple se serait vu refuser l'accès à la maison, malgré les préparatifs déjà effectués.


Face à cette situation, Amber Murray aurait réalisé une vidéo accusant l'épouse de l'ambassadeur de tentative d'escroquerie, bien que selon les informations disponibles, la somme ait été remise à la gouvernante et non à l'épouse du diplomate. Le dépôt de garantie aurait par la suite été restitué au couple après qu'on leur ait signifié l'impossibilité d'occuper le logement.
C'est cette vidéo qui serait à l'origine des poursuites judiciaires engagées par Magnus Ekoumou et son épouse contre le couple pour diffamation et autres chefs d'accusation.


Un élément troublant dans cette affaire est le délai entre les faits présumés et le déclenchement de la procédure judiciaire. Alors que l'incident se serait produit en novembre 2024, ce n'est qu'en mars 2025, soit cinq mois plus tard, que le couple aurait été convoqué au commissariat central n°1 de Yaoundé.
Si Amber Murray, citoyenne américaine, a été libérée après cette convocation, son compagnon Mba Ndewa Derogy Leotard, également de nationalité américaine mais d'origine camerounaise, a été déféré au tribunal de première instance de Yaoundé puis incarcéré à la prison centrale de Kondengui par le procureur, présenté comme un ami de l'ambassadeur Ekoumou.
Plus étonnant encore, l'affaire aurait été traitée sous le régime du flagrant délit, malgré les cinq mois écoulés depuis les faits présumés, et pour des actes relevant principalement de la diffamation, ce qui soulève des questions sur la régularité de la procédure.

Cette affaire prend une dimension internationale avec l'implication du Département d'État américain, qui serait actuellement saisi du dossier. La détention d'un citoyen américain dans ces conditions pourrait avoir des conséquences sur les relations diplomatiques entre le Cameroun et les États-Unis.

Les observateurs s'interrogent sur l'utilisation présumée de l'appareil judiciaire dans un conflit d'ordre privé impliquant un haut diplomate camerounais, ainsi que sur le traitement différencié réservé aux deux ressortissants américains.