Depuis huit mois, les multiples interpellations du Premier Ministre n’y ont rien fait.
Est-on dans un cas de non-respect de la hiérarchie au sein du Gouvernement ? La question mérite au moins d’être posée après les dernières révélations d’Intégration. Dans son numéro du 13 septembre 2016, l’hebdomadaire renseigne qu’en dépit de plusieurs interpellations du Premier Ministre, Philemon Yang, à Jacqueline Koung A Bessike, la Ministre des Domaines, du Cadastres et des Affaires Foncières (MINDCAF), n’a pas toujours céder une parcelle de terrain pour la construction de l’immeuble siège de la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC). L’affaire dure depuis huit mois.
Au commencement… une urgence
Tout commence il y a cinq ans. Le 20 janvier 2012 informe le journal, l’organe en charge de la lutte contre la corruption introduit auprès de la préfecture du Mfoundi, une demande «d’un terrain d’une superficie de deux hectares au lieudit Etoudi centre administratif, derrière la présidence de la République». La lettre signée du président de la CONAC, Dieudonné Massi Gams précise que la construction de l’immeuble siège de l’institution qu’il dirige est une urgence.
«Pour justifier cette urgence, Dieudonné Massi Gams égraine un chapelet de problèmes que posent les locaux de l’époque: risque d’insécurité et de violation de la confidentialité des dossiers du fait de la porosité de l’enceinte du Palais des congrès de Yaoundé; des nuisances sonores engendrées par les incessants évènements organisés sur le site ; des interruptions d’activités du fait de la sécurisation du site lors de la tenue de certains évènements et l’exiguïté du site», souligne Intégration.
Préfet du Mfoundi
Ce n’est que le 4 juin 2013, soit près d’un an et demi après, que le Préfet du Mfoundi, Jean Claude Tsilla, prend l’arrêté instituant la commission départementale de choix du site. La CONAC choisit alors le site situé au carrefour Etoudi à Yaoundé. Elle en fait cas au préfet le 30 août de la même année. Le temps passe et rien n’est fait. Le 23 juillet 2014, la CONAC est informée par la délégation départementale du MINDCAF que le site choisi avait déjà été attribué au Ministère des Postes et Télécommunications.
Koung A Bessike
Face à cette situation, le gouverneur du Centre, le MINDCAF et le Ministre l’Administration Territoriale et de la Décentralisation le 4 février 2015. «C’est alors que, le 16 janvier 2016, la primature entre en scène en organisant une réunion interministérielle sur le sujet. À la suite du compte rendu qui en est fait, le 21 janvier, au Président de la République par la CONAC, le préfet du Mfoundi sort de sa léthargie. Comme pour se laver les mains, Jean Claude Tsilla, fait parvenir à la CONAC, le 26 janvier, une copie de sa lettre adressée au MINDCAF avec avis favorable pour l’attribution du le terrain identifié au quartier Etoudi en 2013 à l’institution», écrit notre confrère.
Depuis cette réunion, aucune mesure n’a été prise, malgré plusieurs relances du Premier Ministres. La première, 25 avril 2016. Ce jour-là, le Secrétaire général des Services du Premier Ministre (SG/PM),Séraphin Magloire Fouda, signe une correspondance dans laquelle il écrit: «Le Premier Ministre, chef du gouvernement, me charge de vous demander de bien vouloir lui rendre compte, sous huitaine, des dispositions que vous avez prises pour mettre à la disposition de la Commission Nationale Anticorruption (CONAC) le terrain, d’une superficie de 5. 000 m2, identifié par vos services pour lui permettre d’engager les études relatives à la construction de son immeuble siège».
La lettre arrive au cabinet de la ministre le 6 mai, mais elle reste sans suite. Le 23 juin, soit deux mois, plus tard, le SG/PM écrit de nouveau au MINDCAF. Cette fois, le ton est moins amical. «En vous faisant tenir ci-joint, thermocopie de la correspondance de référence du président de la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) relative à l’objet repris à la marge, j’ai l’honneur de vous demander, pour la haute et complète information du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, de bien vouloir me faire connaitre la suite réservée à mes lettres antérieures relativement à la mise à disposition de la CONAC, d’un terrain de 5 000 m2, que vos services auraient identifié pour la construction de son immeuble siège».
Le sort de cette autre lettre est identique à la première. La CONAC sort alors de sa réserve. «Toute l’édition du samedi 20 août de son magazine d’informations dénommé ‘‘Espace Conac’’ et diffusé sur la CRTV, la radio publique, est entièrement consacrée à l’affaire. L’émission est d’ailleurs rediffusée le samedi suivant. À coup d’interview et de chronique, la ministre est accusée de marquer le pas sur place et de bloquer le processus malgré les instructions de sa hiérarchie», renseigne Intégration.
Dans les services du MINDCAF, on affirme que le ministre est en congé. À en croire Guy Etoundi, le chef de la cellule de communication, Mme Koung A Bessike n’est pas du genre à ignorer les instructions de sa hiérarchie. « Du peu que je connaisse, depuis que je suis ici, madame la ministre n’a jamais badiné avec une instruction de sa hiérarchie. Je me souviens qu’une fois, on a failli nous lyncher parce qu’on essayait de mettre en œuvre, une de ces instructions», argue-t-il au reporter d’Intégration avant d’ajouter «Moi-même j’ai hâte de savoir. Malheureusement, le directeur des Affaires foncières et madame la ministre qui auraient pu nous éclairer sont tous en congés et hors du pays».