Le week-end passé n’était pas des plus heureux pour Me Cheikh Ali Assad. L’avocat stagiaire l’a passé dans une cellule de la Direction de la surveillance du territoire (DST) à Kribi.
Il a été libéré dimanche après-midi (17 septembre 2017) grâce à la solidarité et l’intervention de tous les avocats de la vile de Kribi appuyés par d’autres établis ailleurs au Cameroun à l’instar de la Française Dominique Fousse. Le jeune avocat a été interpellé pour avoir distribué samedi de l’argent et des boissons.
Le procureur de la République de Kribi saisi par ses collègues est allé dire aux geôliers de Me Cheikh Ali Assad que distribuer de l’argent ou de la boisson n’est pas une infraction au sens de la loi. Il a alors exigé qu’il soit élargi. Il a donné cet ordre devant tous les avocats de Kribi venus à la DST pour se constituer prisonniers.
Au commissariat spécial où le juriste était convoqué les policiers lui ont fait savoir qu’une enquête est ouverte contre lui. « Monsieur le commissaire du premier arrondissement de Kribi nous a informés que le cabinet de Monsieur le délégué général à la sûreté nationale les a enjoint d’interpeller un suspect nordiste qui distribue de l’argent et offre à boire à qui il veut », raconte Cheikh Ali Assad.
Il déclare dans le témoignage qu’il nous sert avoir expliqué au commissaire qu’il ne faisait que remettre aux concernés ce qui leur était dû dans le cadre d’une transaction privée. Il explique que s’il a invoqué le secret professionnel devant le commissaire c’était pour lui faire comprendre qu’il ne pouvait lui donner plus de détails. Mais celui-ci ne va pas le croire et lui reprochera d’avoir distribué trop d’argent et d’avoir été tout nu lors de son interpellation. Ce à quoi les avocats de Kribi vont répondre que s’il était nu c’est parce qu’il dormait quand on est venu l’arrêter.
Ce faisant, un cadre de la DGSN qui avait été interpellé par Me Al Amine Mohamad a téléphoné et cherché à savoir pourquoi Ali Assad était à la DST. « Un indic leur a dit qu’un Wadjo distribuait de l’argent », va-t-il s’entendre répondre. Ce haut gradé de la police qui est un commissaire divisionnaire va enjoindre aux geôliers de Me Ali Assad de le relâcher et rétorquer que « c’est de son droit de partager l’argent et la boisson comme il l’entend ». Les avocats de Kribi ont dit que rien ne justifiait cette spectaculaire interpellation.
Mais tout n’est pas fini car l’enquête ouverte contre l’avocat stagiaire va se poursuivre. « J’ai été relâché mais je fais l’objet désormais l’objet d’une enquête pour excès de générosité. Les avocats de Kribi, mes excellents aînés ont protesté avec véhémence contre cet acte de discrimination nouvelle en droit camerounais et ont notifié à monsieur le commissaire qu’ils réagiront en temps utile contre cet abus », rapporte-t-il.