Le trafic et la traite des personnes prennent des proportions inquiétantes entre le Cameroun et le Nigeria. Des fins limiers du phénomène précisent que ce fléau n’est pas seulement circonscrit à ces deux pays voisins. Il se répand également à un rythme inquiétant dans les pays comme le Bénin, le Togo et le Ghana, trois pays de l’Afrique de l’Ouest, à partir des couloirs Cameroun-Nigeria, considérés comme pays d’origine, de transit et de destination.
Les Nations unies, qui sont en première ligne dans la lutte contre cette pratique ignoble, indiquent d’ailleurs que le trafic ou la traite des personnes est classé en troisième position des activités criminelles, après le trafic d’armes et le trafic de stupéfiants et drogues. A travers le monde, cette pratique touche plus de 2,5 millions de personnes annuellement recrutées et exploitées.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer la formation de deux jours des personnels judiciaires et policiers, ainsi que les acteurs de la société civile, à Bamenda, les 7 et 8 septembre 2016. Les participants, venus des pays du Golfe de Guinée ont échangé leurs expériences en matière de bonnes pratiques et défini les stratégies communes de lutte contre ce trafic. L’on peut dire qu’ils sont désormais mieux outillés, au terme de ce séminaire dont l’organisation a bénéficié de l’appui financier de l’ambassade de France au Cameroun.
La rencontre de Bamenda peut être rangée dans le cadre de la lutte permanente contre ce fléau. En effet, le gouvernement camerounais et certains mouvements de la société civile mènent à travers des mesures et actions multiformes, le combat contre le trafic ou la traite des personnes. Le nouveau Code pénal définit et condamne clairement cette pratique. L’article 342-1, intitulé « Trafic et traite des personnes » est abondamment explicite sur la question : « (1) Est puni d’un emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans et d’une amende de dix mille (10 000) à un million (1 000 000) de francs, celui qui se livre, même occasionnellement, au trafic ou à la traite des personnes.
(2) Le trafic et la traite de personnes sont punis d’un emprisonnement de quinze (15) à vingt (20) ans et d’une amende de cent mille (100 000) à dix millions (10 000 000) de francs… ». Bien avant l’adoption de cette nouvelle loi, un proviseur de lycée en activité dans le Nord-Ouest, région où l’ampleur du phénomène est très prononcée, a écopé de vingt ans de prison en 2015. Comme on le constate, les pouvoirs publics ne baissent donc pas les bras face à ce phénomène.
Aux côtés des autorités administratives dont les bras séculiers viennent de bénéficier du renforcement des capacités d’action, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) et associations de défense des droits de l’homme abattent un travail appréciable, en vue d’éradiquer le phénomène ou du moins de le réduire à sa plus simple expression. Tous les acteurs ont d’ailleurs intérêt à conjuguer leurs efforts pour tordre le cou à cette pratique très pernicieuse et rampante.