Actualités of Sunday, 19 July 2015

Source: camer.be

L'Internationale Socialiste appelle à la libération de Marafa

Marafa Hamidou Yaya Marafa Hamidou Yaya

Nouvelle reconnaissance internationale du caractère politique de la détention à Yaoundé de Marafa Hamidou Yaya, l'ancien ministre camerounais de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, détenu depuis trois ans dans une cellule de haute sécurité du Secrétariat d’État à la Défense de Yaoundé.

Après le Département d’État américain qui, depuis deux ans, le déclare prisonnier politique dans son rapport annuel sur la situation des droits de l'homme dans le monde, c'est au tour de l'Internationale Socialiste (IS), d'affirmer le caractère arbitraire de son incarcération. Et d'appeler à sa libération.

Le Conseil de cette organisation politique internationale qui s'est réuni au siège des Nations-Unies à New York les 6 et 7 juillet a adopté une résolution sans équivoque dans ce sens.

Cette résolution est intitulée « Appel pour la libération de Marafa Hamidou Yaya au Cameroun », et est disponible depuis quelques jours sur le site de l'IS.

« L'Internationale Socialiste exprime sa préoccupation face à l'emprisonnement de Marafa Hamidou Yaya au Cameroun, sur la base d'accusations apparemment motivées politiquement. Bien que des mesures soient nécessaires pour lutter contre la corruption et le détournement de fonds au Cameroun, ce processus ne doit pas être utilisé comme une excuse pour régler des comptes politiques. L'Internationale Socialiste fait un appel au gouvernement du Cameroun pour assurer que les droits de l'homme, la Charte des Nations Unies et la Constitution du Cameroun soient respectés dans cette affaire », dit en substance le texte.

Le communiqué final du Conseil de l'Internationale Socialiste indique qu'outre le cas Marafa Hamidou Yaya, ceux d'autres prisonniers politiques vénézuéliens, à l'instar Leopoldo Lopez, âgé de 44 ans et Coordinateur national du parti politique vénézuélien «Voluntad Popular» (la volonté populaire), ont également été débattus. Arrêté lors des protestations de 2014 à Caracas, celui-ci ainsi que plusieurs compagnons d'infortune sont toujours en détention. Une résolution appelle également à leur Libération.

Pour M. Marafa, il s'agit de la première prise de position internationale appelant directement à sa libération, la communauté internationale s'étant jusqu'ici contentée de souligner le caractère politique de sa détention.

Elle émane de la plus puissante organisation socialiste au monde. Fondée à Francfort en 1951 et héritière de l'Internationale ouvrière (fondé en 1889) et de l'Internationale ouvrière socialiste (fondée en 1923), l'Internationale Socialiste regroupe en effet 159 partis politiques sur la planète. C'est à dire la majeure partie des partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes, ainsi que certains démocrates. Plusieurs pays, à l'instar de la France (Parti Socialiste), de l’Afrique du Sud (ANC) et du Mali Rassemblement pour le Mali) sont dirigés par un parti membre.

M. Marafa avait été condamné en 2012 à 25 ans de prison, officiellement pour « complicité intellectuelle » de détournement de fonds alloués à l'achat de l'avion du président Paul Biya. Il a toujours clamé son innocence. De leur côté, ses avocats ont expliqué que le motif évoqué par le juge est inexistant en droit camerounais, soutenant, de nombreux documents à l'appui, que leur client n'a jamais été impliqué ni de près ni de loin, dans la gestion de l'argent débloqué par le pouvoir camerounais, pour acheter cet avion.

Depuis son incarcération, l'ancien ministre est sujet à des problèmes récurrents de santé et a été hospitalisé par quatre fois à Yaoundé.

Lors de la visite du président François Hollande au Cameroun, il avait quitté précipitamment l'hôpital, en signe de protestation, eu égard aux tracasseries administratives rencontrées par des membres de sa famille et ses avocats désireux de le rencontrer.