Plus de deux ans après l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, retrouvé mort le 17 janvier 2023 en périphérie de Yaoundé, le procès peine à avancer. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique, l’affaire, jugée par le Tribunal militaire de Yaoundé, est marquée par des blocages procéduraux, des querelles successorales et des soupçons d’ingérence politique.
D’après Jeune Afrique, le procès, ouvert le 25 mars 2024, est entaché de « graves irrégularités ». Les avocats de la défense, dont Me Seri Simplice Zokou, représentant l’ex-patron de la DGRE Léopold Maxime Eko Eko, dénoncent une ordonnance de renvoi non signée par le greffier, ce qui, selon la jurisprudence camerounaise, pourrait invalider toute la procédure.
Autre élément troublant : la disparition temporaire d’un document clé, l’ordonnance de renvoi du juge Pierrot Narcisse Ndzié, avant qu’une copie non signée ne soit finalement transmise. Une situation qui alimente les accusations de manipulation du dossier.
L’affaire dépasse le cadre judiciaire et prend une dimension politique. Jeune Afrique révèle que le procès serait le reflet de luttes d’influence au sommet de l’État. D’un côté, Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, soupçonné d’avoir alimenté Martinez Zogo en informations sensibles. De l’autre, Samuel Mvondo Ayolo et Laurent Esso, proches de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, principal accusé dans cette affaire.
La prochaine audience, prévue le 15 mai, pourrait-elle enfin débloquer le dossier ? Rien n’est moins sûr, tant les manœuvres dilatoires et les tensions semblent loin d’être résolues.