Matériel insuffisant, actes d’indiscipline, corruption... Depuis quelques années, la situation se dégrade au sein de l’armée camerounaise.
Hommes et matériel semblent sur une pente glissante. Certes, la plupart des équipements de l’armée de terre (une cinquantaine de blindés à roues AML-90 de fabrication française, une vingtaine de transporteurs de troupes V-150 et une dizaine de blindés légers RAM) gardent une certaine valeur, malgré leur âge avancé. Robustes, ils sont plus simples à entretenir et plus mobiles que les blindés chenillés. Mais leur disponibilité opérationnelle, tout comme celle d’une partie des pièces d’artillerie, est globalement médiocre : manque de pièces de rechange, d’entretien…
L’armée de l’air n’est pas épargnée, elle qui ne possède qu’une dizaine d’Alpha Jet et de MB-326K Impala, quelques hélicoptères de combat Mi-24 (seuls deux semblent opérationnels sur les trois acquis) et sept hélicoptères de transport et d’assaut. L’aviation de transport est un peu mieux lotie, avec trois C -130 Hercules et un CN-235 acheté récemment, appareils précieux pour le déploiement rapide des troupes. La marine compte pour sa part une dizaine de patrouilleurs, ce qui est loin d’être suffisant. Des efforts sont néanmoins en cours, avec l’acquisition de véhicules légers tactiques Zibar Mk2 israéliens ou d’hélicoptères d’assaut Mi-17 auprès de la Russie, fin août.
Une armée à deux vitesses
Reste les hommes, 40 000 au total. Les cadres militaires ont la réputation d’être correctement formés, notamment dans les écoles militaires françaises ; la troupe est considérée comme bien entraînée. Et nombreux sont les militaires à souhaiter que leur armée soit plus professionnelle. Toutefois, les actes d’indiscipline se multiplient, y compris au sein des unités d’élite (Bataillon d’intervention rapide, Garde présidentielle), pour des questions de primes non versées.
L’idée d’une armée à deux vitesses s’est par ailleurs installée. D’un côté, les unités d’élite, mieux équipées, mieux entraînées ; de l’autre, les unités régulières, accusées de brutalité et de corruption. La multiplication des programmes de formation et d’équipement (États-Unis, Chine, Israël, France…) s’est de plus soldée par la superposition de doctrines différentes, l’incompatibilité des matériels de transmission et la naissance de rivalités entre les corps.
Cette situation est inquiétante, alors que la menace prend de l’ampleur. Face à des frontières devenues poreuses, la réactivité de l’armée est critiquée. Enfin, les fuites depuis des sources sécuritaires lors de l’affaire des otages français, entre février et avril 2013, démontrent qu’il existe des lacunes en matière de respect du secret, élément pourtant crucial dans le domaine de la défense.