Les journaux camerounais parus lundi consacraient leurs principaux titres à des sujets liés à l’économie, à des sujets à caractère politique mais également aux questions de gouvernance.
«Camair-Co : le ‘’Dja’’ de retour» ; «Camair-Co : le ‘’Dja’’ de retour au Cameroun», titrent le journal gouvernemental Cameroon Tribune et Le Quotidien de l’Economie à propos de la réapparition, samedi dernier, du Boeing 767-300 ER de la compagnie aérienne nationale.
La première publication citée rappelle que l’aéronef, le seul long-courrier dont dispose l’entreprise, vient de passer 6 mois en Ethiopie pour des travaux de maintenance.
Cet avion sera remis en service dans les tout prochains jours, renchérit son confrère qui rappelle toutefois que l’Autorité aéronautique civile nationale (CCAA) a, voici une semaine, préféré retirer les avions de Camair-Co du ciel européen pour défaut de conformité aux normes, dans un climat de controverse avec le management d’une compagnie qui croule par ailleurs sous un endettement de quelque 35 milliards FCFA et un déficit mensuel d’exploitation de 1,5 milliard FCFA.
Un autre chiffre qui fâche, ce sont «les 3 milliards FCFA de la discorde» que signale Intégration, à propos du salaire des délégués du gouvernement et des maires qui divise les ministres des Finances et de l’Administration territoriale, Alamine Ousmane Mey et René Sadi respectivement.
L’un et l’autre, explique l’hebdomadaire, «veulent chacun gérer la ligne budgétaire relative à la prise en charge des édiles. Au grand malheur des bénéficiaires qui attendent toujours leur premier salaire» à eux promis depuis plus d’un an.
En attendant que les deux membres du gouvernement trouvent un terrain d’entente, c’est en réalité tout le processus de décentralisation, déjà mis à mal par la bureaucratie et les calculs personnels, qui est «sur un chemin cahoteux».
Autre sujet à controverse, selon Le Jour, c’est l’idée d’immunité des membres du gouvernement que le gouvernement a tenté d’insérer dans le Code pénal révisé par le Parlement et sur lequel le ministre de la Justice, Laurent Esso, est revenu devant les élus.
C’était l’un des faits majeurs de la session clôturée vendredi dernier, confirme Cameroon Tribune : «L’agitation autour de l’article 127 a poussé plus d’une personne au-devant de la scène médiatique : le président du barreau, les magistrats, les parlementaires, les avocats, etc.»
Adopté dans un premier temps par l’Assemblée nationale, ledit article a essuyé un amendement introduit par le gouvernement au Sénat, une réécriture qui a densifié une navette parlementaire ayant été rarement été aussi active qu’à cette session de juin 2016.
«Un ministre reçoit une mission de gestion des biens publics et non le contraire. Il est alors protégé par la loi. Lorsqu’il détourne ces biens publics, il pose un acte détachable du service qui n’est protégé par aucune loi, même pas celle des immunités. Il est justiciable de droit commun», a expliqué Laurent Esso à l’hémicycle, repris par Mutations.
C’est un «procès en sorcellerie» qui est fait au ministre de la Justice, renchérit le bihebdomadaire La Météo : «A la vérité, et ceux qui ont un tant soi peu flirté avec les questions de gouvernance en conviendront, la proposition visait à protéger la fonction de membre du gouvernement qui, soulignons-le, est à détacher des actes illicites que certains pourraient être amenés à poser dans l’exercice de leurs fonctions.»
Selon cette parution, l’idée était d’encadrer un poste soumis à toutes sortes de pressions, de manière à permettre à son titulaire de jouir d’un minimum de sérénité pendant son magistère.
«De même, il est parfaitement normal, dans une démocratie qui se veut exemplaire, qu’un gestionnaire supposé avoir attenté à la fortune publique réponde de ses actes devant les juridictions compétentes. Mais il doit pour cela être préalablement déchargé de ses fonctions, qui ne doivent en aucun cas influer sur la procédure judiciaire.»