Actualités of Thursday, 17 November 2016

Source: rfi.fr

L'enquête sur l'affaire de l'alcool frelaté meurtrier avance

Photo d'archive utilisée juste a titre d'illustration Photo d'archive utilisée juste a titre d'illustration

Au moins 19 personnes sont mortes et 27 sont toujours hospitalisées dans l’est du Cameroun après avoir ingurgité un alcool de mauvaise qualité, a confirmé le ministre de la Communication, revoyant donc à la baisse le premier bilan de 21 victimes donné par la radio d’Etat camerounaise. Des échantillons de cette boisson mortelle ont été envoyés dans des laboratoires de Yaoundé pour examens.

Mais déjà, l'on soupçonne que du méthanol ait été mélangé à un breuvage très populaire fabriqué artisanalement et connu sous l'appellation d’Odontol. Etourdissements, vomissements, maux de tête, cécité. Voilà entre autres les symptômes que présentaient les victimes du breuvage qui a tué au moins 19 personnes, dans certaines localités, à l’est du Cameroun, selon un médecin que nous avons contacté sur place. La même source ajoute que cette boisson incolore avait une odeur assez caractéristique.

Conclusion partielle : les victimes auraient ingurgité du méthanol, qui mélangé à de l’éthanol cette fois peut s’avérer mortel. Le préfet du département du Haut-Nyong a du coup pris un arrêté interdisant la commercialisation de ce breuvage.

Quelques vendeurs présumés de la boisson ont déjà été interpelés et placés en garde à vue dans une brigade de gendarmerie à Bomba, l’une des villes où l’on a enregistré des victimes. Les enquêteurs voudraient savoir la formule qui a été utilisée dans la fabrication de cette boisson et dans quelles intentions ? Ils devraient aussi renseigner sur l’étendue des circuits de distribution du breuvage mortel dans cette partie du pays particulièrement pauvre et enclavé.

Les autorités sanitaires locales pensent que d’autres cas pourraient être signalés vu l’appétence des villageois pour cette boisson bon marché. Dans les hôpitaux, notamment à Bomba, 27 personnes sont toujours en observation.

Delor Magellan Kamseu Kamgaing est le président de la Ligue camerounaise des consommateurs. Pour lui, ce drame sanitaire est imputable aux autorités camerounaises. « Les moyens ne sont pas mis pour permettre à l’Agence des normes et de la qualité de faire son travail, notamment en termes d’élaboration des normes, affirme-t-il. Du coup, les gens consomment ces breuvages sans connaître les dangers. La responsabilité revient au gouvernement parce que le gouvernement doit s’assurer que ce qui est commercialisé répond aux normes. Donc, quand il y a des boissons qui ne répondent pas aux normes sur le marché, la responsabilité n’est pas celle du consommateur, mais c’est celle du gouvernement. » Et d'insister : « Un produit non normé est un produit dangereux, est un poison. »

« Leur production comme leur consommation sont prohibées, rappelle Issa Tchiroma-Bakary, ministre camerounais de la Communication, porte-parole du gouvernement. Il y a donc des campagnes de sensibilisation puis de répression qu’organise régulièrement le gouvernement ». Reste que, jusqu’à présent, il y avait une certaine permissivité. C'est fini ? « La responsabilité du gouvernement, c’est de veiller sur la santé publique de l’ensemble de la population. Au niveau des villages où le pouvoir d’achat n’est pas élevé, les populations ont tendance à recourir à ce genre de boisson. Il appartient donc aux gouverneurs des régions, aux préfets et aux sous-préfets de veiller à ce que la consommation soit totalement interdite », souligne-t-il.