Un mois après les tensions sociales de Bamenda, la ville tarde à reprendre ses activités. Les populations restent plongées dans une psychose qui semble entraver le retour à la normale.
Théâtre de plusieurs affrontements et combats sporadiques en décembre dernier, la ville de Bamenda retrouve timidement son quotidien malgré le cessez le feu entrepris par les leaders politiques de la Région, les membres du Gouvernement et les populations pour faciliter les analyses et les éventuelles résolutions de cette crise. Pour cause les différents heurts du 8 décembre 2016 laissant ainsi de nombreuses séquelles dont le bilan fait état de quelques morts et plusieurs blessés.
Ces derniers temps la ville laisse transparaître un constat des plus alarmants ; un commerçant sur trois vaque à ses occupations ce qui complique davantage le quotidien des populations. Bien que les manifestations aient cessé la ville quant à elle reste fragile et peut désormais être qualifiée de « Ville Morte » ; en effet les principaux quartiers de la ville, les administrations, stations de services, marchés et autres centres commerciaux sont encore paralysés, les déplacements s’avèrent difficiles à cause de la rareté des moyens de locomotion. Les moto-taxi qui gambadaient pendant les émeutes sont inexistants à ce jour. À « Up Station », le quartier administratif, le décor s’est détérioré.
Du quartier chic qu?il était naguère, il est aujourd’hui en ruines. On assiste actuellement aux multiples déplacements des populations. Certaines familles, francophones pour la plupart, sont persécutées par les autochtones. On note qu’un grand nombre d’élèves et d’étudiants sollicitent des places dans les institutions scolaire et académique de la ville de Douala ; question d’éviter une année blanche comme craignent les autorités publiques.
Partage du gâteau national
Les multiples réactions relatives à ces tensions sont unanimes, car plusieurs spécialistes en la matière s’accordent à dire que ces manifestations sont manipulées par de hauts responsables tapis dans l’ombre et dont l’établissement des responsabilités reste pour l’instant difficile. Mais il est clair que les manifestants dans leur chapelet de revendications (entre autres la marginalisation des camerounais de la partie anglophone) laissent entrevoir leur ras-le-bol et exigent un partage équitable du « gâteau national ».
Les faits sont remarquables, les revendications légitimes. C’est prenant en compte ces revendications que le Gouvernement camerounais représenté par son Premier Ministre a entamé le dialogue. Les scènes de guérilla urbaine finies, il ne reste plus que la ville reprenne son train de vie normal. Le désir des populations étant que toutes leurs revendications soient prises en compte par les pouvoirs publics pour qu’in fine Bamenda retrouve sa superbe d’antan.