Le 23 janvier 2017, Paul Biya, le Chef de l’État, a signé le décret portant création, organisation et fonctionnement de la commission nationale pour le bilinguisme. L’action du Président de la République a été perçue par d’aucuns comme une volonté de l’État d’apaiser les tensions, et surtout de satisfaire les Camerounais d’expression anglaise qui portent depuis le mois de novembre 2016 un certain nombre de revendications.
En parcourant l’article 3 dudit décret, on comprend qu’il reviendra donc à cette commission de promouvoir le bilinguisme, le multiculturalisme. Elle devra soumettre au Chef de l’État et au Gouvernement des rapports sur les questions se rapportant à la protection et à la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme.
Questionnés par le Quotidien Émergence édition du vendredi dernier, les hommes politiques débattent sur le bien-fondé de ladite commission et son apport dans la résolution de la crise anglophone.
Victor Onana, le président du comité directeur de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) dit craindre que la commission nationale pour la promotion du bilinguisme soit «programmée pour échouer». Toutefois il affirme que dans la résolution globale de la crise anglophone, elle peut bien être une étape positive si l’on sait servir. «Car, elle s’adresse uniquement aux aspects linguistiques et culturels, qui de toute façon seront résolus par les citoyens eux-mêmes forcés qu’ils sont de communiquer entre eux en interne et en externe. On peut déjà constater que de plus en plus de parents francophones et anglophones alternent les enseignements qu’ils prodiguent à leurs enfants dans l’une ou l’autre langue. Seule la mal-gouvernance ambiante a d’ailleurs suscité cette grogne du fait d’une mauvaise application des lois existantes portant sur le bilinguisme et/ou le multiculturalisme».
L’Honorable Joshua Osih qui fait partie de ceux qui pensent que la commission n’aura aucun effet décrispant sur la crise déclare que «la création de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme est une entourloupe périphérique qui ne saurait en aucun cas résoudre le problème de fond posé par nos compatriotes anglophones. On ne saurait soigner une tumeur potentiellement cancéreuse avec le remède de la grippe aviaire. On ne saurait proposer une solution administrative à un problème politique, profond et critique. En attendant la mise sur pied du fédéralisme qui est une forme achevée de la décentralisation, les problèmes soulevés par nos compatriotes auraient pu trouver tout au moins un début de solution dans l’application effective de tous les textes liés à la décentralisation».