Depuis quelques semaines, plusieurs signes annonciateurs de la fin des hostilités entre le gouvernement éthiopien et le TPLF sont visibles. Au point où on se demande si on ne s’acheminerait pas enfin vers le dénouement de ce conflit qui dure depuis plus d’un (01) an.
Des visites du médiateur désigné par l’Union Africaine, Olusegun Obasanjo, à celles de l’Envoyée spéciale de l’Union Européenne pour la Corne de l’Afrique, Annette Weber, de la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, ou encore de l’Envoyé spécial de Joe Biden, David Satterfield, le temps n’a pas été de tout repos pour les autorités d’Addis-Abeba. Le pays a été le théâtre d’un intense ballet diplomatique, ces derniers jours.
Vendredi déjà, Annette Weber, de retour à Nairobi, après sa visite en Éthiopie, s’était déjà montrée optimiste : « Nous reconnaissons qu’il y a eu beaucoup de changements de la part du gouvernement éthiopien, ces dernières. Amina Mohammed observe qu’il y a « moins d’hostilités qu’il y a quelques mois ». Pour elle, il n’y a pas de doute que l’Éthiopie est dans « une bien meilleure position » pour mettre fin à la guerre depuis quelques semaines avec notamment la libération des prisonniers, l’ordre donné aux troupes fédérales et à la milice FANO de ne plus avancer dans le Tigré, la baisse des discours de haine, des visas accordés aux humanitaires ». Toutes ces personnalités ont été unanimes sur les avancées observées en direction d’un retour à la paix
Il y a le fait que les discussions visaient, entre autres, à ce que le TPLF ne continue plus à être désigné comme une « entité terroriste », au nombre des avancées relevées par la diplomatie européenne. Autre signe témoin des progrès : contrairement à la situation qui prévalait depuis le début du conflit, l’OMS a pu acheminer, vendredi dernier, 33 tonnes d’équipements médicaux au Tigré pour soulager un personnel soignant qui ne savait plus où donner de la tête depuis plusieurs semaines.
« La situation s’est améliorée, mais tout n’est pas acquis, et pour parler de paix, je suis certes optimiste, mais je reste prudente. La guerre et la fragmentation du pays sont arrivées à un tel niveau que cela risque de ne pas être suffisant d’avoir un accord entre le TPLF, les forces rebelles du Tigré, et le gouvernement fédéral », a souligné Annette Weber faisant preuve de circonspection.
Quid du Cameroun ?
La guerre de Tigré fait rappeler celle des séparatistes de l’espace anglophone au Cameroun. Le 1er octobre 2017, un groupe armé de sécessionnistes camerounais autoproclamait une république anglophone dénommée "Ambazonie". C'est là que se concentrent les combats qui secouent le Cameroun depuis et qui se sont intensifiés ces quatre dernières années.
Quatre années de conflit au Cameroun anglophone ont déjà fait plus de 3 500 morts et forcé plus de 700 000 habitants à fuir leur domicile. Sur le terrain, les combats continuent. Selon Carla Martinez d’OCHA, pas moins de 1,15 million de personnes sont aujourd’hui en situation d’« insécurité alimentaire sévère » dans ces deux régions.
« Le gouvernement ne parvient pas à apporter de l’aide à tous ceux qui en ont besoin. Pourtant, ceux qui l’épaulent dans ce travail en fournissant de la nourriture, des vêtements, des soins… sont interdits », s’offusque Ayah Ayah Abine, président de la fondation Ayah. Cette organisation camerounaise, engagée auprès des déplacés anglophones et des réfugiés partis au Nigeria voisin, a été accusée « par les alliés du gouvernement » de ravitailler les « Ambaboys » en armes « sans qu’il y ait un semblant de preuve », clame l’homme d’affaires.
Selon Ilaria Allegrozi, chercheuse à l’ONG Human Rights Watch, le gouvernement camerounais « ne s’est engagé que de manière superficielle pour trouver une solution ».
La guerre s’enlise au Cameroun anglophone, dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, où des groupes séparatistes continuent de s’opposer aux forces de défense et de sécurité camerounaises. Massacres dans les écoles, villages incendiés, kidnappings, viols : ces derniers mois ont été marqués par une recrudescence des violences.
Les civils sont les principales victimes de cette crise qui a débuté en 2016 par des revendications corporatistes d’enseignants et d’avocats. Plus de 3 500 personnes ont déjà été tuées et plus de 700 000 autres ont été contraintes de prendre la fuite vers le Nigeria ou les provinces francophones du pays.
Pour mettre un terme à cette spirale meurtrière, Ilaria Allegrozzi, chercheuse au sein de l’ONG Human Rights Watch pour l’Afrique centrale et de l’Ouest, exhorte la communauté internationale à « prendre ses responsabilités » et préconise « des sanctions ciblées » contre les séparatistes et les militaires camerounais coupables d’exactions.
Quelle est la situation actuelle dans les deux régions anglophones du Cameroun ?
Elles restent enfermées dans un cycle de violence meurtrière. La crise s’est aggravée et la situation humanitaire est préoccupante. Les ONG humanitaires ont un accès limité aux zones les plus affectées. Les violences continuent avec des attaques régulières tant de la part des séparatistes que des forces de sécurité dans les zones rurales et urbaines. Pour résumer, il y a sur place beaucoup de souffrances, de destructions et la population est fatiguée et affaiblie par quatre années de violence.
Mais qui pourra mettre fin à toutes ces années de tensions ?