Avant qu’il ne décède le 5 mars 2017, soit plus d’un mois déjà, Joseph Charles Doumba ruminait sa déchéance lors et l’après congrès du parti en 2006.
« En 2006, ses ennemis le disaient trop affaibli pour assumer sa charge, et la lecture confuse de son discours qu’un aigrefin de son cabinet imprima en caractères à peine lisibles ».
Il avait du mal à digérer les manœuvres de « la nouvelle génération de jeunes » pour le pousser à la sortie après 15 ans de service au RDPC de Paul Biya.
Il a plutôt réussi à devenir un des hommes les plus influents dans l’entourage de Paul Biya. On le voit aussi comme « l’un des stratèges, l’un des architectes du système camerounais ».
«Il murmurait à l’oreille du président, révélait des talents ou les étouffait, suscitait des promotions ou brisait les carrières… Il valait mieux être dans ses bonnes grâces».
Des révélations faites par Jeune Afrique quelques jours après la mort du vieux lion. Le journal a aussi établi que« le blanc de l’Est» comme on l’appelait affectueusement chassé de son propre camp, «n’est pas réapparu sur la scène politique jusqu’à son décès ».
Une autre révélation y vient s’ajouter à quelques heures de ces funérailles prévues à partir de ce jeudi 20 avril jusqu’à samedi. « Vous veillerez à ce qu'à mes obsèques aucune comédie ne vienne s'ajouter à la tragédie », voilà l’un des desiderata du vieux lion. Une publication lue sur son faire-part.
Les obsèques prévues du vieux lion cette semaine
Visiblement, tout est minutieusement préparé pour les obsèques du vieux lion. Sa veillée funéraire prévue ce jeudi se déroulera à son domicile au quartier Bastos à Yaoundé. Le lendemain, c’est-à-dire le vendredi, sa dépouille sera transférée à Bertoua pour l’inhumation. Inhumation qui se fera dans la stricte intimité familiale à Bois Kinda. Le samedi, une cérémonie d’hommages officiels est prévue à la place des fêtes de Bertoua.
« Le blanc de l’Est », était très dévoué
Joseph Charges Doumba, 81 ans, s’en est donc allé le 5 mars à l’hopital de Yaoundé après une carrière politico-administrative riche et longue. Il a été administrateur civil principal, ancien directeur général de la Société de presse et d’éditions du Cameroun (SOPECAM).
Il a aussi apporté son expertise au ministère de l’Information et de la Culture (7 juin 1974-30 juin 1975) et celui de la Justice. Le 8 juin 1979, il sera nommé ministre chargé de mission à la présidence de la République par le président Ahmadou Ahidjo.
Joseph Charles Doumba, sur le plan politique, a été directeur des études à l’Ecole des cadres de l’Union nationale camerounaise (UNC). Il a été le secrétaire à l’Organisation dès la naissance du RDPC en mars 1985. C’est donc une figure marquante des mutations politique au Cameroun.
Il était auteur d’un essai politique « Etre au carrefour » paru aux Editions Clé, et de lettres ouvertes, « Monsieur le maire», aux Editions Saint Paul.
Un homme qui connaissait bien Paul Biya
«En novembre 1982, lors de l’entretien au cours duquel Ahmadou Ahidjo à la tête du pays depuis 1958 annonça à Paul Biya qu’il lui cédait le pouvoir, nous étions quatre?: Ahidjo, Biya, Dieu et moi… » Ce sont les propos, rapportés par l’un des confidents de Joseph Charles Doumba. Il était omniprésent, très observateur dans la guerre de succession entre Ahidjo et Biya. L’opposant Yondo Black dépassé le qualifiait de « girouette patentée » et de « porteur d’eau de celui (des rivaux) qui l’emporterait ». Et c’est fort probable que Paul Biya soit l'abonné absent aux funérailles (de celui qui a été si on peut le dire un bras droit) dû à sa phobie des morts.