Le Cameroun consacre en moyenne 60 dollars pour ses dépenses de santé annuelles par habitant, une somme exorbitante selon la Banque mondiale qui conduit cette semaine dans le pays une mission concourant à inciter les autorités à œuvrer à la généralisation d'un projet de financement basé sur la performance initié avec son soutien.
"Actuellement, le gouvernement met beaucoup d'argent dans la santé, mais il n'y a pas de résultats", a souligné lors d'un échange avec la presse à Yaoundé, Gaston Sorgho, membre de la mission et directeur du secteur santé, nutrition et population de la Banque mondiale.
Pour inverser la tendance, un crédit octroyé au Cameroun permet la réalisation depuis deux ans d'un projet de financement basé sur la performance consistant à donner une autonomie de gestion aux formations sanitaires rurales tant publiques que privées du Nord-Ouest, de l'Est et des régions septentrionales (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord), ses principales cibles.
L'objectif de cette opération qui implique la participation des populations est d'améliorer la qualité des services offerts par ces structures et l'accès aux soins de santé des populations. Elle enregistre un "très fort impact", constate M. Sorgho. "Actuellement, nous sommes à 2-3 dollars de dépenses par habitant par an avec ce projet. L'idée, c'est d'avoir l'assurance universelle", résume-t-il.
Le projet veille à la disponibilité des médicaments, en autorisant les centres de santé dans lesquels il est exécuté à diversifier leurs circuits d'approvisionnement par la signature de contrats de partenariat avec des prestataires privés agréés par le ministère de la Santé publique, parallèlement à la Centrale nationale d'approvisionnement en médicaments essentiels (CENAME).
Son succès a fait tache d'huile, de sorte que les unités régionales de cet organisme public demandent elles-mêmes aujourd'hui des dérogations pour des circuits supplémentaires, pour remédier aux ruptures de stocks, révèle Emmanuela Di Gropello, chef de programme de la Banque mondiale pour l'Angola, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon et Sao Tomé & Principe.
Pour cette responsable, "nous avons un programme, nous voulons le renforcer, nous voulons avoir des synergies plus fortes".
Le Cameroun fait partie de vingt pays africains prioritaires pour la Banque mondiale pour le financement de la santé de la petite enfance, où il est question de fournir une alimentation nécessaire pour les enfants âgés de 0 à 2 ans et demi, pour permettre d'enrayer le phénomène de malnutrition qui frappe un tiers des enfants du pays, explique Gaston Sorgho.