• Les personnes interpellées ont subi « des traitements dégradants »
• Lors de leur interpellation le 27 juin par les éléments de la Police
• Les malvoyants ont été transportés hors de la ville de Yaoundé et abandonnés à Soa
Les 27 et 28 juin derniers en effet, après un « avis de grève » émis, le Collectif des aveugles et malvoyants indignés du Cameroun ( Camic) a organisé une manifestation de protestation devant les services du Premier ministre. Le but, « exprimer [notre] indignation et notre désarroi relativement aux conditions de vie des personnes vivant avec un handicap et au silence observé par le gouvernement face à nos revendications ». Plusieurs d’entre eux ont été arretés et conduits dans des commissariats.
A la suite de ces arrestations, la Commission des droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) a initié une enquête qu’elle vient de boucler suite aux allégations d’arrestation et de garde à vue d’un groupe de déficients visuels au commissariat central n° 1 de la ville de Yaoundé. Pour la CDHC, les personnes interpellées ont subi « des traitements dégradants ». « La Commission condamne (…) les actes de violence infligés aux déficients visuels lors de leur interpellation le 27 juin par les éléments dudit commissariat devant les services du Premier ministre ». D’après le Pr James Mouangue Kobila qui signe ce communiqué, après leur interpellation, ces membres du Collectif des aveugles et malvoyants indignés du Cameroun (Camic) ont été transportés hors de la ville de Yaoundé et abandonnés à Soa pour certains et dans la ville de Mbalmayo pour d’autres.
Ce collectif revendique : le recrutement immédiat des 3 déficients visuels admissibles au concours d’intégration directe de 10 journalistes à la fonction publique en 2021, l’octroi d’une pension d’invalidité aux personnes handicapées du Cameroun, la création d’un fonds spécial de financement des projets et microprojets portés par les personnes handicapées, l’organisation d’un recrutement spécial à la fonction publique exclusivement réservée aux personnes handicapées prenant en compte les différents types de handicaps, le respect du quota de 10 % réservé aux personnes handicapées en tenant compte des différents types de handicaps lors des concours et recrutements aux emplois publics et privés. Ce quota, prévu par la loi de 1983 portant protection et promotion de la personne handicapée n’est pas contraire à aux dispositions de la loi de 2010.
Ces revendications avaient été présentées au ministère des Affaires sociales (Minas) lors de réunions tenues le 18 décembre 2021, le 18 mars 2022 ainsi que les 8 et 13 avril derniers. Ne voyant pas ses revendications prises en compte, le Camic a décidé de descendre dans la rue.
Tout en condamnant la rudesse de la police, la CDHC « regrette que certains membres du Camic persistent à ne pas prendre en compte les explications données par les hauts responsables du Minas lors des discussions du 27 juin 2022 dans les locaux du commissariat central n° 1 de la ville de Yaoundé et déplore, de la part des manifestants, les propos irrespectueux proférés à l’endroit des responsables présents ainsi que l’attitude violente affichée à leur égard ».
Elle exhorte le gouvernement à accélérer la mise en œuvre des mesures prises en faveur des personnes vivant avec un handicap en général et des déficients visuels en particulier, à l’effet de trouver des solutions durables pour la prise en compte de tous les droits spécifiques des personnes handicapées au Cameroun.