Le père jésuite «dissident» Ludovic Lado ne s’impose pas le devoir de réserve quand il faut parler de la haute hiérarchie de l’Église catholique qui est au Cameroun, son pays. Le religieux-opposant au régime de Paul Biya vient d’adresser une pique à la Conférence épiscopale nationale du Cameroun.
Réagissant à une nouvelle qui faisait état de l’appel d’Églises pentecôtistes en faveur d’une candidature du Président Paul Biya à la prochaine élection présidentielle, il déclare sur Facebook: «pouvez-vous imaginer un instant Jean Baptiste ou Jésus lançant un tel appel à Hérode ou à Pilate? Pardon, laissons le nom de Jésus tranquille!
Chacun protège son gombo, y compris dans mon église où la Conférence épiscopale n'ose pas dire la vérité à Paul Biya, notamment qu'il est trop vieux pour continuer à diriger un pays comme le Cameroun».
Selon lui, l’Église catholique ne fait pas toujours ce que l’on attend d’elle et trompe ses fidèles. «On préfère attendre que le pire arrive pour pondre de longs sermons ou des longues lettres pastorales. Sommes-nous vraiment des "pasteurs" du peuple de Dieu ? On peut tromper les hommes, mais pas Dieu», jure-t-il.
Mais ce n’est pas la première fois que l’homme de Dieu s’attaque à l’Église catholique. En 2011 après que ses prêtres aient organisé une messe de bénédiction pour Paul Biya, qui venait d’être élu, il avait réagi en ces termes: «Messeigneurs, depuis quand êtes-vous aumôniers de la présidence ? On se croirait au Moyen Âge, quand les évêques intronisaient les rois».
Le père Ludovic Lado est l’ancien vice-doyen de la Faculté des sciences sociales et de gestion de l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC) à Yaoundé. Il a été affecté en Côte d’Ivoire après avoir accusé l’ancien Archevêque de Yaoundé, Victor Tonye Bakot, de tribalisme en 2012.
Le responsable de l’Institut de la dignité et des droits humains du Centre de recherche et d’action pour la paix (Cerap), a pris l’habitude de tirer à boulets rouges sur Paul Biya à travers les colonnes des journaux.