Alors que le match crucial entre le Cameroun et le Cap-Vert pour la qualification à la Coupe du monde approche, le monde du sport camerounais est secoué par un conflit ouvert entre le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, et le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto'o. Mais ce conflit n'est que la partie émergée de l'iceberg, révélant une crise plus profonde qui touche l'ensemble du mouvement sportif au Cameroun.

Le professeur Thomas Atenga, enseignant en communication à l'université de Douala, a partagé son analyse avec RFI, soulignant que cette bataille entre Eto'o et Kombi est symptomatique de tensions plus larges au sein du pouvoir camerounais. "C'est une énième manifestation de ce qu'on a qualifié ici de lutte de clans dans ce contexte de fin de règne", a-t-il déclaré, faisant référence à la proximité des élections présidentielles de 2025.

Le conflit a pris une tournure publique après un accrochage verbal entre Samuel Eto'o, le sélectionneur belge Marc Brys, et le conseiller du ministre des Sports. La diffusion de cette altercation a terni l'image de Samuel Eto'o, pourtant ambassadeur UEFA et FIFA du fair-play et de la lutte contre le racisme. Atenga a expliqué que bien qu'Eto'o ait tenté de faire amende honorable, le pouvoir semble actuellement pencher en faveur de Mouelle Kombi, qui dispose des ressources de l'État et d'un soutien financier important.

Mais ce conflit va bien au-delà du football. Le volleyball, le handball et pratiquement toutes les fédérations sportives au Cameroun sont en crise, avec des tensions persistantes entre les fédérations et le ministère des Sports. "Il y a une rupture de confiance entre les acteurs du sport camerounais et le ministre de tutelle", a affirmé Atenga.

Pour résoudre cette crise systémique, Atenga propose l'organisation d'un symposium ou des États généraux du sport camerounais. Une telle initiative permettrait de ressouder les liens entre le mouvement sportif et l'État, et de rétablir une collaboration constructive. "Il faut aller vers quelque chose qui permet de ressouder le lien du mouvement sportif camerounais avec l'État représenté par le ministère", a-t-il suggéré.

Le conflit entre Eto'o et Kombi n'est donc qu'un reflet d'une situation plus vaste et préoccupante. Les interventions à venir, notamment de la FIFA, seront cruciales pour déterminer l'avenir du sport au Cameroun. Mais au-delà des solutions immédiates, il est impératif de reconstruire la confiance et la coopération entre toutes les parties prenantes pour assurer un avenir prospère au sport camerounais.