Quels sont les raisons qui ont fondé votre soutien au président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o?
D’emblée, je voudrais souligner qu’au Cameroun, il n’y a pas deux protecteurs des étoiles aussi engagés comme Stéphane Edzigui. Je suis le président du Mouvement citoyen et patriotique « Let’s protect our stars ». A ce titre, je protège et j’emmène les camerounais à protéger le Cameroun qui est la première étoile à protéger. Bien plus, je protège et promeut le potentiel camerounais. L’intelligentsia camerounaise, le capital camerounais, l’excellence et la méritocratie. En ma qualité de protecteur des étoiles, je protège également les icônes montantes comme André Onana, Franck Zambo Anguissa, Eric-Maxim Choupo Moting, Aboubakar Vincent etc. Nous protégeons également les étoiles accomplies et établies, telles que : Roger Milla, Thomas Nkono, Bell Joseph Antoine, Abega Théophile, Samuel Eto’o, pour ne citer que ceux-là puisque nous sommes dans le domaine du football camerounais. C’est donc à juste titre que je me suis engagé à soutenir Samuel Eto’o. Non sans me faire contacter par M. Happi Franck et Ruben Sadio. Ces très estimés aînés m’ont présenté le merveilleux projet de Samuel Eto’o fils. J’en étais ébloui. Tellement je voulais voir le football camerounais sortir du bourbier dans lequel certains de ses devanciers l’avaient plongé.
Eto’o avait promis redonner au football camerounais sa grandeur, sans favoritisme ni clientélisme. Une telle vision m’a tellement séduit au point où, à la veille des élections, je l’ai emmené voir mon père, Clément Atangana, au Conseil constitutionnel du Cameroun pour lui donner sa bénédiction. Ce jour-là, il était accompagné de maître Elame Boney et d’Ernest Obama, l’un des témoins oculaires est bel et bien Ruben Sadjo. Le président Samuel Eto’o ne m’a donc pas rencontré dans les rues de Yaoundé à la recherche de l’argent ou de l’emploi. Il sait lui-même quelles sont mes origines.
Que s’est-il passé par la suite ?
A la suite de cet entretien avec le président Clément Atangana, il a été béni et j’ai commencé à soutenir contre vents et marées son projet de redonner au football camerounais sa grandeur. J’ai jeûné et prié pour la victoire de Samuel Eto’o. J’ai supplié des amis pasteurs, prêtres et imams de prier pour sa protection et son succès. Eto’o avait promis beaucoup de choses pour révolutionner le football camerounais et ramener les grands sponsors et les spectateurs dans les stades de football. Il a promis faire venir Ronaldinho, Messi etc. C’est une légende. Je continue à croire que c’est possible. Eto’o incarne la jeunesse qui ose. Il est l’espoir d’une jeunesse qui sort des quartiers pauvres et qui a réussi à se hisser au sommet du leadership footballistique mondial. Il fait rêver n’importe quel enfant des quartiers pauvres. Eto’o incarne la résistance face à la mafia criminelle qui avait dirigé la FECAFOOT jusqu’ici. Eto’o incarnait l’intégrité, la probité et l’objectivité. Il avait promis la transparence et la révolution managériale. Toutes ces belles promesses m’ont davantage amené à croire que si elles étaient implémentées, le football camerounais retrouverait sa grandeur et de nombreux jeunes camerounais pourraient réaliser leurs rêves en jouant au football au Cameroun.
Vous lui tissez des couronnes de lauriers. Dites-nous donc ce qui fait votre déception à cette étape du mandat de Samuel Eto’o?
Permettez-moi de préciser une chose. En ce moment, je ne peux pas parler de déception. J’attire juste l’attention de mon protégé sur quelques points qui pourraient lui être préjudiciables dans l’avenir. Je suis pour le Cameroun en général et pour Samuel Eto’o en particulier, une sentinelle. Je tire la sonnette d’alarme pour dire : « Attention, la fondation de la révolution annoncée n’est pas bien posée ! » J’avais commencé par le dire lorsque que M. Banlock avait été nommé Secrétaire général de la FÉCAFOOT. J’avais trouvé cela hilarant de repêcher un incompétent qui avait été licencié par Seidou Mbombo Njoya dont il condamnait le management. Qui est le metteur en scène de la vision du président de la FÉCAFOOT si ce n’est le secrétaire général ?
Si Banlock n’avait pas réussi avec Seidou Mbombo Njoya, comment réussirait-il avec Eto’o qui a des ambitions plus grandes ? Le temps ne m’avait-il pas donné raison ? Après un intérimaire éternel a remplacé Banlock. Si on ne peut pas dénier à M. Blaise Djounang la qualité d’avocat et par ricochet d’excellent juriste, il va sans dire qu’il n’est pas à sa place au secrétariat général de la FÉCAFOOT. Il manque de manière criarde de charisme et de compétence pour ce grand poste. Il ne connait ni le football de haut niveau encore moins les acteurs du football camerounais. Il met simplement en danse la volonté du président de la FECAFOOT qui n’a pas la science infuse et n’est pas Dieu pour être partout à la fois.
Le problème de la FÉCAFOOT se résume-t-il donc à un problème de secrétaire général compétent ?
C’est cela même le nœud du problème. La FÉCAFOOT a besoin d’un secrétaire général puissant, compétent, proactif, capable de dire au président Eto’o la vérité lorsqu’il veut déraper. Le système communicationnel de la FÉCAFOOT est amorphe. Le directeur de cabinet du président est un épicurien. Il n’est pas un penseur. C’est pourquoi il est obligé de se référer au président pour décider même de l’achat du papier hygiénique à la FÉCAFOOT. Si plusieurs d’entre nous qui communiquons bénévolement pour la FÉCAFOOT n’avions pas été là, ce serait la catastrophe. Vous avez des gens qui faisaient des interviews à la seule gloire de Samuel Eto’o. Ils pensent ainsi communiquer pour la FÉCAFOOT. Vous avez des acteurs de films qui pensent qu’il suffit de dire qu’on a donné de l’argent à telle personne pour convaincre les camerounais de ce que ces derniers n’ont pas le droit de critiquer Eto’o. Il ne faut pas encourager la bêtise. Comment comprendre que le grand journaliste Souley Onohiolo veuille rencontrer son fils Obama Ernest et ce jeune compatriote se permet de le recevoir debout, hors du portail de la FECAFOOT ? Il y a beaucoup à corriger. Il faut que Samuel Eto’o lise dans la bible, l’histoire du roi Roboam I (Rois 12). Ces jeunes amis et copains d’enfance vont l’enfoncer. Il doit s’entourer des meilleurs, même s’il va souffrir de voir son égo se briser. Eto’o va réussir, il n’a pas le droit à l’échec. Il peut me détester, me haïr, mais j’ai reçu de Dieu, la mission de me rassurer qu’il réussisse dans sa mission de redonner au football camerounais sa grandeur.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous êtes devenus trop critique envers Eto’o parce qu’il vous a oublié de vous « récompenser » ?
Chacun peut dire ce qu’il veut. Mon combat n’a rien à voir avec des ambitions alimentaires. Sur le plan de la pratique de la gestion quotidienne de la FECAFOOT ; voici ce que je reproche à l’exécutif fédéral : qui est réellement l’équipementier des Lions indomptables ? Pourquoi cette affaire n’est pas gérée rigoureusement par la division de marketing et communication ? Avez-vous observé que ces derniers temps, les Lions indomptables du Cameroun portent des casquettes avec la marque «c’est de ça qu’il s’agit» ? Nous avons un équipementier nommé «One all sports». Ce dernier doit fournir des équipements et des goodies (Vic, stylos et casquettes Ndlr).
Ces goodies doivent intégrer l’aspect marketing et promotionnel de la vente des maillots. Pourquoi des casquettes «c’est de ça qu’il s’agit» sur les têtes des joueurs ? Cette marque est-elle fournisseur d’une partie des goodies et des gadgets des Lions indomptables ? Comment peut-on utiliser l’institution « Lions indomptables » pour faire le marketing d’une nouvelle marque ? N’est-ce pas là une forme de clientélisme ? Si telle est la décision de la FÉCAFOOT, elle doit expliquer aux camerounais ce nouveau choix tout en démontrant les implications juridiques, les discussions entre les nouveaux partenaires, exposer ouvertement le coût de cette transaction en rapport avec la rentabilité ou le bénéfice que gagne la FECAFOOT dans ce business secondaire de Rigobert Song ? Un joueur peut-il refuser d’arborer cette casquette sans représailles ? Cette démarche commerciale doit être explicitée par M. Benjamin Pondi pour le bien du football camerounais. En espérant que certaines personnes n’utilisent pas leur position au sein de la tanière pour se faire du business, ce qui serait un délit d’initié et un conflit d’intérêt. Toute chose qui me parait contraire au professionnalisme bien connu par Samuel Eto’o, mon protégé.
Vous avez invoqué une promesse de campagne liée à l’attractivité du football camerounais…
Effectivement. Il y a cette promesse mais aussi celle de Samuel Eto’o fils de faire venir ses anciens coéquipiers au Cameroun. Redonner au football camerounais sa grandeur passe par la réalisation de cette promesse de campagne qui consistait à inviter au Cameroun certaines vedettes, anciens coéquipiers de Samuel Eto’o au Cameroun. Pourquoi ça coince ? Le service de communication doit nous expliquer à quel niveau se trouve le goulot d’étranglement. Pourquoi Ronaldinho va en Guinée sans s’arrêter au Cameroun ? Samuel est-il bien perçu par ses anciens coéquipiers ? A-t-il gardé de bonnes relations ? Lorsque Samuel Eto’o fils décide de nommer ses anciens coéquipiers, nomme-t-il les meilleurs d’entre eux ? la FECAFOOT ne doit pas devenir la cour des petits copains, pour redonner au football camerounais sa grandeur, il va falloir travailler avec ses adversaires d’hier qui sont pétris d’expérience et de compétence aujourd’hui.
Des voix s’élèvent, de plus en plus, pour décrier la qualité des sélections au sein de l’équipe fanion. C’est votre avis ?
Cette question revient à interroger la qualité des joueurs convoqués en sélection. Les indicateurs de performance pour sélectionner les joueurs sont-ils respectés ? La FÉCAFOOT doit expliquer aux camerounais comment on fait pour sélectionner les joueurs dans nos différentes équipes nationales. Qu’est-ce qui peut expliquer la non sélection de Michael Ngadeu, Tawamba, André Onana ou de Fabrice Ondoa à l’équipe nationale ? Samuel connait pourtant bien ces indicateurs de performances. Pourquoi ne les applique-t-il pas au Cameroun ? Le phénomène de l’influence des agents de joueurs a-t-il définitivement cédé la place aux sélections objectives ? Pourquoi la FECAFOOT laisse Rigobert Song communiquer alors qu’on sait qu’il n’a pas la parole facile en public ? Pourquoi ces humiliations de l’image du Cameroun sont-elles répétées sans correction par le secrétaire général de la FECAFOOT ? Les sélections nationales devraient être le creuset de l’excellence et du mérite et non un centre d’exposition des médiocres à la solde de nouveaux agents de joueurs.
A vous écouter, on pourrait croire que vous avez une dent particulière vis-à-vis de la communication institutionnelle de la FECAFOOT
…
La FÉCAFOOT ne communique pratiquement pas officiellement. Lorsqu’elle tente de communiquer, elle le fait très mal. Pour exemple, aucune communication institutionnelle sur le cas Onana ou sur l’incident entre le jeune algérien et le président de Samuel Eto’o pendant la Coupe du monde ? Rigobert nous a dit de façon voilée qu’André Onana n’est pas discipliné. En Europe, la performance est tributaire de la discipline. Il est difficile d’être indiscipliné et performant. Un gardien du niveau d’Onana doit être écouté. Il doit même être chouchouté comme Mbappé. Avez-vous lu la réprimande de Mbappe à Noel Le Graet, l’ancien président de la Fédération française de football ? Ici, un joueur peut-il oser ? Un joueur performant est difficilement indiscipliné ? Le staff technique des Lions indomptables doit se recycler et s’adapter à la modernisation du jeu. Si un bon joueur est indiscipliné, il ne fera jamais de bons résultats. Lamkel Ze est bon et indiscipliné. On voit tous où se trouve sa carrière. Alain Nkong était un génie, mais son indiscipline ne lui a pas permis de briller. Selon la théorie des couloirs, les rôles de chaque membre de l’équipe de Samuel Eto’o doivent clairement être définis et confiés aux meilleurs. C’est une réalité qui s’applique aussi au manager sélectionneur des Lions indomptables. Rigobert Song doit avoir l’humilité d’accepter les conseils de la direction technique nationale.
Vous avez également évoqué la nécessité pour le staff dirigeant de la FECAFOOT de développer des stratégies marketing et commerciales plus conséquentes. De quoi s’agit-il concrètement ?
Le staff dirigeant de la FÉCAFOOT et l’entreprise Edimo, en charge de la commercialisation des maillots des Lions doivent développer une autre stratégie commerciale pour la vente des maillots All sports. Sans entrer dans le tableau de flux de la production de ces maillots qui est un véritable échec entre le coût des matières premières, le coût du produit final, la marge entre ces deux coûts et le coût de vente public. Je me rends compte que la commercialisation du nouveau maillot a de la peine à décoller. Pour cela, il faut prendre en compte quelques éléments. La non maîtrise de l’environnement. J’ai constaté qu’ils n’ont pas étudié le marché de manière stratégique. Surtout au niveau des éléments externes directs et lointains qui pouvaient faire ombrage à la vente des maillots.
Pour exemple, un maillot dont le coût de fabrication ne dépasse pas 15 Euros en Asie ne saurait être vendu en Afrique à plus de 60 Euros. Sachant que le Smig est de moins de 50 mille Francs CFA. Quelle est donc la cible visée ? Comment peut-on vendre un maillot au Cameroun à un prix plus élevé que le Smig ? Ce maillot devient plutôt un luxe pour la majorité des camerounais. Même parmi les fonctionnaires. Il y a aussi la non maîtrise des procédés modernes de stratégie commerciale. Il est de notoriété que les grands espaces et magasins ferment au profit du rapprochement de la marque et des produits auprès des consommateurs. Une étude montre que la majorité des commerciaux vont maintenant chez les prospects et ne les attendent plus dans les grandes enseignes. On ne peut dont vouloir commercialiser un produit de nos jours, le rendre plus visible et de notoriété planétaire sans une bonne communication digitale sur le produit. On ne peut pas baser sa stratégie commerciale sur les influenceurs de sexe et de l’alcool uniquement. Des gens qui ont par ailleurs de la peine à avoir une envergure internationale.
Concrètement, comment procéder pour mieux vendre les maillots des Lions indomptables ?
On peut faire des mailings, de la prospection téléphonique, la création des sites Web avec des contenus attrayants, la construction d’une base de données des prospects en élaborant un Data driven marketing ainsi que l’optimisation de leuoutil Crm. En clair, la FECAFOOT doit élargir ses canaux de commercialisation pour rentabiliser son business.
Idem du management et de la capitalisation des ressources humaines ?
La FÉCAFOOT doit développer un management des équipes axé sur la performance, à travers le recrutement d’un manager des équipes et de la performance qui aura en charge d’élaborer key performance indicator (Kpi). Cet indicateur de performance permet d’avoir un suivi continu ainsi que l’amélioration des contenues. La FÉCAFOOT a également besoin d’un directeur exécutif, en charge de son management stratégique et opérationnel. Il est question pour l’équipe à Samuel Eto’o de procéder, en urgence, au diagnostic interne et externe de la structure.
L’on remarque que vous êtes moins disant sur l ’affaire qui oppose la FECAFOOT à l’équipementier Le Coq sportif. Un terrain glissant ?
Le terrain n’est pas glissant. La rupture avec Le Coq sportif relève du passé. Cet équipementier n’a pas respecté les termes du contrat. La résiliation, fut-elle unilatérale était opportune. C’est tout simplement la manifestation de la mauvaise foi de cet équipementier français et la nostalgie d’une domination illégale et coloniale, sans oublier la gestion approximative et très peu professionnelle de la communication sur le nouvel équipementier. C’est pour cela que nous pensons qu’Eto’o doit donner à la FECAFOOT l’image d’une fédération comme celle de l’Allemagne. Il nous l’avait promis.
Nombreux parmi les observateurs établissent un parallèle entre les performances des équipes nationales de football et l ’état des lieux de la FECAFOOT . C’est une analyse que vous partagez ?
Je ne partage cette analyse que très partiellement parce que si au niveau du centre de distribution ou de la tête, les choses sont bloquées, il va de soi que les conséquences seront immédiates au niveau des résultats sportifs. Un match de football se prépare dans les bureaux administratifs et financiers, mais également dans les vestiaires. Le vestiaire est sacré. A ce niveau, s’il n’y a pas une bonne préparation psychologique et parapsychologique, la dimension technicotactique ne va pas suivre. Si le président de la FÉCAFOOT recrutait et nommait les meilleurs au niveau administratif, le manager sélectionneur serait obligé avec son staff de ne choisir que les meilleurs au risque d’être chassé. Tant que le culte d’une loyauté paranormale ne cèdera pas au culte de la méritocratie, la FÉCAFOOT connaîtra les mêmes problèmes le Cameroun. Où sont André Onana, Fabrice Ondoa, Michael Ngadeu et tous les autres meilleurs footballeurs camerounais ?