Les avocats de la SOCACIM ont saisi le juge administratif ce mardi matin aux fins d’attaquer la légitimité du décret signé par le premier ministre le 22 mai dernier. Avant de se rendre dans les bureaux de la cour suprême, les hommes en robe se sont arrêtés à l’Immeuble Etoile afin de déposer un recours gracieux auprès du premier ministre. Même si les administrateurs affirment respecter le maître des séants qu’ils appellent volontiers leur «père», leur démarche n’est pas une repentance.
Au contraire ! Ils entendent obtenir grâce à cet acte la suspension du décret pris il y a quatre jours. Question de continuer d’enregistrer les artistes qui selon des sources internes à la SOCACIM se bousculent pour inscrire leurs noms au moment même où l’ensemble de l’opinion semble hypnotisé par la décision de Philemon Yang d’annuler le communiqué d’Ama Tutu Muna dans lequel elle dit avoir accordé un agrément à la nouvelle société de gestion des droits d’auteurs.
Rendu au quartier Tsinga, sis à l’immeuble de la Radio des artistes, promue par Roméo Dika, force est de constater que les bureaux de la SOCACIM à ne fourmillent pas d’une activité particulière ce mardi en début d’après-midi.
Dans ce qui tient lieu de salle d’attente et de bureaux, les discussions sur les questions de politique et du laxisme du régime vont bon train. Des cinq personnes qui s’affairent ici, deux sont des administrateurs et deux des artistes venus s’enregistrer sur les registres de la nouvelle société de droits d’auteur au bénéfice des musiciens.
Interrogé, l’un d’entre eux – ancien membre des zombis de la capitale – estime que seule la SOCACIM est capable de défendre les droits des artistes. Comme lui il y aurait 1 410 autres artistes qui auraient choisi d’inscrire leur nom dans les table de la nouvelle société selon les administrateurs de la SOCACIM. Le cinquième, un jeune garçon ressemble davantage à un employé de bureau. Mais le bureau serait un assez grand mot, ne serait-ce que dans ce premier espace qui rappelle davantage un petit entrepôt où sont stockées des rangées tôles et quelques vieux équipements informatique.
L’ambiance est toute différente dans le bureau d’à côté où l’administrateur Joseph Franklin Boati reçoit le reporter. Interrogé sur les raisons pour lesquelles la SOCACIM n’a pas encore mis la clé sous le paillasson, l’homme explique en substance que le premier ministre s’est fourvoyé en prenant une décision non conforme aux textes et que les différentes procédures dont il est question plus haut visent justement à redresser le tort.
La loi de 2000 sur le droit d’auteur donne au ministre en charge de la culture le soin de décerner les agréments et non au premier ministre, laisse-t-il entendre. Et il n’est écrit dans aucun texte que le premier ministre, parce qu’il anime l’action du gouvernement a la latitude de suspendre un communiqué d’un autre ministre. Un début d’argumentation qui devrait s’étoffer dans les prochains jours.