Détenu à la prison centrale de Yaoundé Kondengui, l’homme d’affaires a été remis en liberté par la justice. Il comparaîtra désormais libre devant le tribunal pour des chèques sans provision qu’il aurait émis en remboursement d’une dette contractée auprès de la Société Camerounaise d’Équipement depuis trois ans. L’accusation crie au scandale.
«Si vous lui accordez la liberté, ce monsieur ne comparaîtra plus. Il nous a nargué pendant deux ans. Il a fallu utiliser beaucoup de ruse pour l’appréhender dans son cachot à Kribi». Ces déclarations sont celles de Me Edimo, l’avocat de la Société Camerounaise d’Équipement. Elles ont été faites devant le Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif statuant en matière de flagrant délit le 24 novembre 2021. L’avocat s’opposait avec insistance à la demande de remise en liberté formulée par son confrère qui défend les intérêts de l’homme d’affaires, M. Zogo Frédéric, en détention à la prison centrale de Yaoundé Kondengui.
Le conseil de l’accusation fonde son opposition sur le fait que, pendant deux ans, Frédéric Zogo n’a pas honoré les engagements qu’on l’accuse d’avoir pris pour le remboursement de la dette de 200 millions de francs contractée en 2019 auprès la Société Camerounaise d’Équipement,«représentée à la barre par M. Pedhom Victor.
Il explique que le forestier aurait émis des chèques sans provision et a passé le temps à narguer sa cliente qui a pourtant consenti d’importants sacrifices en octroyant une créance de 200 millions de francs à l’entreprise de M. Zogo Frédéric. Ce pactole aurait servi à l’achat d’engins lourds, précisément des camions et des tracteurs.
Me Edimo a indiqué au juge en charge du dossier que le mis en cause se contredit devant la barre: «il plaide non coupable mais il promet de rembourser la dette. Il n’est pas sérieux». L’homme en robe noire a demandé au tribunal de garder M. Zogo en prison et de programmer l’affaire le plus tôt possible pour que chacune des parties au procès soit fixée sur son sort L’avocat de l’homme d’affaires n’est pas du même avis. Il a dit que son client présente des garants personnels qui s’engagent à le faire comparaître devant la justice chaque fois que la justice le désire.
Si le mis en cause recouvre sa liberté, poursuit son avocat, il s’engage également à payer entièrement sa dette en versant dans le compte bancaire de la Société Camerounaise d’Équipement la somme de 2 millions de francs chaque semaine, jusqu’à épuisement de la créance. «Au moment où il est arrêté, il vient d’avoir une autorisation d’exploitation d’une forêt communautaire qui va lui procurer assez de revenus . Mais en restant en prison, notre client est limité. Je précise que la Société Camerounaise d’Équipement a fait saisir trois de ses camions», a ajouté l’avocat de la défense, pour montrer que le risque qui pèse sur l’adversaire est limité.
Pour sa part, la représentante du parquet, après analyse des documents du dossier de procédure, dit-elle, né s’oppose pas à la demande de remise en liberté sollicitée par M. Zogo Frédéric. Le tribunal qui a suivi le ministère public et la défense dans leur argumentaire a rendu sa décision séance tenante (sur le siège).
Il a ordonné la remise en liberté immédiate de l’homme d’affaires. Frustrée, la partie plaignante pense qu’une telle décision peut décourager les hommes d’affaires à investir au Cameroun étant donné que les contrats ne sont pas suffisamment protégés par la justice. L’affaire revient à la prochaine audience prévue le 22 décembre 2021 pour la suite des débats.