Actualités of Wednesday, 13 June 2018

Source: camer.be

La corruption se porte bien au Cameroun

Malgré l’existence des institutions chargées de sa répression, ce fléau a la peau dure chez nous Malgré l’existence des institutions chargées de sa répression, ce fléau a la peau dure chez nous

Le 25 janvier dernier, Transparency international a publié son rapport sur l’indice de perception de la corruption (Ipc) 2016. L’Ong classe le Cameroun au 145è rang sur 176 Etats. En 2015, notre pays occupait la 130è place. Le Cameroun a donc reculé de 15 places. Sur un autre aspect, le pays a perdu un point en ce qui concerne sa note. Sur un total de 100 points possibles, le pays a obtenu une note de 26 en 2016 contre 27 en 2015. A entendre les experts commenter ces rapports, il y a lieu de s’inquiéter.

Car, pour José Ugaz, président de Transparency International, « dans les pays les plus corrompus, on voit souvent des démocraties en déclin et un phénomène inquiétant : Les tentatives de réprimer la société civile, de limiter la liberté de la presse et d'affaiblir l'indépendance de la magistrature ». Qu’en est-il du Cameroun ? Libre à chacun de se faire une opinion. En tout cas, pour l’Ong, la corruption au Cameroun se manifeste par des activités illicites, qui sont volontairement tues en dehors des scandales, suivies souvent des enquêtes, des poursuites judiciaires et de condamnations. Mais l’on sait désormais qu’il existe un lien plus qu’étroit entre la corruption et la pauvreté. Selon Ugaz, «dans trop de pays, les gens sont privés de leurs besoins les plus élémentaires et vont au lit affamés chaque nuit à cause de la corruption, alors que les puissants et corrompus jouissent de modes de vie somptueux en toute impunité».

Ce n’est pas nouveau. Il y a deux ans, l'institution constatait que notre pays est le deuxième pays en Afrique où le plus grand nombre de personnes doivent payer des pots de vin pour obtenir un service au sein de l'administration. Selon ce document, en 2014 un citoyen sur deux a dû payer un pot de vin à des institutions publiques. Pour arriver à ces résultats, Transparency international s'est associé à Afro baromètre, qui a interrogé 43 143 personnes dans 28 pays d'Afrique subsaharienne sur leurs expériences et perceptions de la corruption dans leurs pays. Soit 1 182 au Cameroun entre janvier et février 2015. Ainsi, 44% d'individus sondés sont convaincus et soutiennent avec aplomb que la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois, tout comme une grande majorité, soit 54% d'entre eux constatent que le gouvernement ne fait pas ce qu'il faut pour combattre le mal.

La police et les agents des impôts < /b>

Dans les détails, la police et les agents des impôts sont les plus corrompus au Cameroun. Le tableau dressé à cet effet montre que 56% des interrogés affirment que la police est corrompue, 54% se plaint contre les agents des impôts, 52 % indexent les hommes d'affaires, 51% les magistrats, etc. Aucun service n'est épargné. Même pas la présidence de la République. Dans tous les cas, 44% des sondés affirment que certains agents de ce service public sont impliqués dans la corruption. 13% soutiennent que tous sont corrompus.

Les membres du gouvernement ne sont pas non plus épargnés. 16% des sondés affirment qu'ils sont tous corrompus. Sans exclusive. 39% relativisent affirmant que certains sont corrompus. Les députés, les conseillers municipaux, les chefs coutumiers, les leaders religieux, les hommes d'affaires, les juges sont corrompus dans notre pays.

Pots de vin

La principale inquiétude chez nous, c'est l'omniprésence de cette corruption. Au Cameroun, et c'est une particularité, il faut verser des pots de vin lorsqu'on veut un service dans une école publique, dans une clinique ou un hôpital public, lorsqu'on veut se faire délivrer une pièce d'identité, un permis de conduire, une carte d'électeur. Les services dans les tribunaux sont aussi monnayés. Contrairement aux 28 autre pays, au Cameroun, si l'on veut bénéficier des services d'eau, d'assainissement ou d'électricité, il faut verser un pot de vin.

Pour rappel, le baromètre mondial de la corruption de Transparency international est selon ses responsables, la seule enquête d'opinion réalisée à l'échelle mondiale qui porte sur les perceptions de la corruption et sur les expériences qui y sont liées. Le baromètre 2015 était la neuvième enquête. D’autres institutions sont sur le même terrain. C’est le cas de la Conac qui publie régulièrement des rapports sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun. Son dernier rapport remonte au 29 décembre 2016. Il est mentionné que l’Etat a perdu en 2015, du fait de la corruption la somme de 171 milliards 843 millions 983 mille F.Cfa.

Ce préjudicie a été établi sur la base des imputations formulées à partir des enquêtes dans les sociétés de téléphonie mobile, dans la gestion de l’Hôtel Ayaba de Bamenda dans la Région du Nord-ouest et dans les malversations foncières et financières à Lobo dans le département de la Lékié, région du Centre. Quel que soit le bout par lequel on la prend, la corruption semble avoir la peau dure chez nous. Or, ailleurs, elle recule. Ce n’est donc pas une fatalité.