La Commission nationale anti-corruption (CONAC) du Cameroun a affirmé, dans son dernier rapport, avoir «mis à nu diverses techniques de corruption à ciel ouvert développés par certains douaniers véreux» dont le train de vie «trahit des pratiques de corruption par trop révoltantes».
Dans ce volumineux document, couvrant la période 2010-2015 et que APA a pu consulter, ce secteur est ainsi présenté comme le plus gangrené par le phénomène, particulièrement dans les régions du Centre, de l’Extrême-Nord, du Littoral et du Sud-Ouest où il possède les bases les plus rentables du pays.
Dans la métropole économique, Douala où elle a auditionné 31 fonctionnaires de ce corps ayant avoué être propriétaires de plusieurs immeubles bâtis à travers le Cameroun, la CONAC fait état de l’existence de tout un «quartier de douaniers».
Ayant par ailleurs découvert de nombreux comptes bancaires créditeurs par centaines de millions FCFA, dont les montants ne peuvent se justifier par le salaire, la Commission signale le cas du «plus illustre» de ces douaniers, entré dans la corps par le bas de l’échelle il y a quelques années, et qui «a réussi l’exploit d’être propriétaire de 13 villas en dur bâties sur terrains titrés, d’un immeuble de 5 niveaux également construit sur terrain titré, ainsi que de 10 terrains immatriculés».
A ce vaste domaine immobilier, s’ajoutent plusieurs autres biens dont des camions, des autobus et autres véhicules personnels haut de gamme.
Selon le rapport, plusieurs «écarts paradoxaux» ont été relevés entre les recettes enregistrées par le guichet unique de la douane et celles reversées au Trésor public, en vertu d’exonérations illégalement octroyées à des importateurs et en violation flagrante des dispositions légales et règlementaires.
Pendant la période considérée, la CONAC fait ainsi état de pertes subies par l’Etat de l’ordre de plus de 1246 milliards FCFA, dont quelque 581 milliards FCFA «au titre des exonérations illégalement octroyées».