Basé sur un article exclusif de Jeune Afrique publié le 13 mars 2025
Le récent décès de Martine Meba a levé le voile sur l'une des familles les plus influentes mais méconnues du Cameroun. Derrière le président Paul Biya se cache une famille entière dont l'influence s'étend discrètement sur différentes sphères de la société camerounaise.
Pierre Meba, frère cadet du président Paul Biya et époux de la défunte Martine, incarne la discrétion même au sein de cette famille puissante. Ancien fonctionnaire à la Direction des prix, poids et mesures, cet homme effacé jouit pourtant d'un privilège rare: l'accès direct au président à toute heure dans sa résidence de Mvomeka'a. Cette proximité fait de lui un intermédiaire précieux mais parcimonieux, préférant éviter "les ennuis de cour" comme le rapporte Jeune Afrique.
La présence du chef de l'État lui-même aux obsèques de sa belle-sœur, accompagné de son épouse Chantal et de son directeur de cabinet Samuel Mvondo Ayolo, témoigne de l'importance de ces liens familiaux dans la structure du pouvoir camerounais. La cérémonie, transformée en quasi-événement national, a attiré ministres, diplomates et hommes d'affaires empressés de présenter leurs respects.
Une famille aux stratégies diverses
La descendance des Meba révèle différentes approches face au pouvoir. Christian Meba, fils de Pierre, semble suivre la voie paternelle de la discrétion, après un passage diplomatique à New York et un retour discret dans l'administration des télécommunications à Yaoundé.
En revanche, ses frère et sœur, Évrard et Cathy Meba, ont choisi une implication plus directe. Évrard, à la tête de l'Observatoire du développement sociétal (ODS), s'est distingué par ses actions judiciaires contre des figures comme l'avocate Alice Nkom, accusée en décembre 2024 de "tentative d'atteinte à la sûreté de l'État". Il perpétue également l'héritage familial en présidant la sous-section du RDPC dans le Dja-et-Lobo, fief historique des Biya.
Mais c'est sans doute Cathy Meba qui incarne le visage public de cette famille. Nièce du président, elle s'est imposée comme sa défenseuse la plus visible à travers son livre "40 ans et si c'était Moïse?" et son documentaire "Paul Biya, un grand homme d'État au destin prodigieux", largement diffusé en 2024.
Conseillère régionale RDPC du Sud et présidente d'une section féminine du parti, elle s'affirme déjà comme l'une des "chevilles ouvrières" de la prochaine campagne présidentielle d'octobre 2025, à laquelle Paul Biya, malgré son âge avancé, devrait encore se présenter.
Les observateurs politiques voient dans cette montée en puissance médiatique de Cathy Meba un signe avant-coureur des futures batailles de succession au sein du clan Biya, alors que se profile une nouvelle élection présidentielle cruciale pour l'avenir du pays.