Les proches de l’avocat général près la Cour suprême disent vivre dans la peur, après une tentative de braquage samedi dernier à Yaoundé. «Depuis l’arrestation de notre Papa, le 21 janvier 2017, la famille Ayah vit dans la peur, les menaces et l’insécurité totale. Tôt ce matin, à partir d’une heure, il y avait des terroristes à notre portail. Il ont tout fait pour forcer et entrer. Dans quel but ? Je ne sais pas. Ils ont sonné plus de 30 fois. Ils nous ont même appelés. On ne sait pas pour qui ils travaillent ». Ayah Ayah Abine contient mal son dépit, dans lequel se mêle colère, mais également un rien de découragement. Il est l’un des fils et le porte-parole de la famille d’Ayah Paul Abine, l’avocat général près la Cour suprême emprisonné depuis fin janvier dans une cellule du Secrétariat d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie (SED) pour des soupçons de collusion avec les sécessionnistes des régions anglophones. Samedi 22 avril, dans cette modeste demeure du quartier Biyem-Assi, lieudit « Tam-Tam », Ayah Ayah Abine veut prendre l’opinion à témoin: « On ne connaît pas leur motifs. Mais nous sommes très convaincus qu’ils ne nous veulent pas du bien à une heure du matin ».
Sur les accusations, encore non officiellement formulées, qui pèsent sur Ayah Paul Abine, sa famille tient à apporter ces précisions: « C’est un magistrat hors hiérarchie, le sommet de la magistrature. Il est aussi président du Parti d’Action Populaire (PAP) depuis 2011, avant, il a été député du parti au pouvoir. Il a démissionné en 2010, et avant cela, en 2008, il a été le seul député du parti au pouvoir qui a été contre la modification de la constitution. Est-ce que ce même monsieur peut-être un terroriste et sécessionniste ? C’est très stupide d’entendre un tel argument !». A propos des accusations d’intelligence avec des mouvements sécessionnistes le fils Ayah dit de son père: « Mais cela est très facile. Il suffit de produire sa carte d’adhésion et montrer aux Camerounais, voilà, il est membre ou président du SCNC. Pourquoi l’Etat est-il incapable de le faire?»
Ayah Paul Abine a été arrêté le 21 janvier dans son domicile par des éléments disant agir pour le compte du SED. Il est depuis incarcéré au quartier général de la gendarmerie nationale, à Yaoundé. Selon ses avocats, les charges qui pèsent contre lui n’ont pas encore été clairement définies, mais d’après eux, Ayah Paul a été interpellé dans le sillage du mouvement de répression contre les revendications des ressortissants des régions anglophones. Les autorités lui reprochent d’être l’une des matières grises du Southern Cameroon National Council (SCNC), un mouvement sécessionniste interdit d’activités, et d’avoir défendu des positions indépendantistes. Sa famille, qui clame son innocence, affirme qu’en tant qu’avocat général, l’Etat doit dix-sept mois d’arriérés de salaire à Ayah Paul Abine, et ses proches peinent à payer le loyer de sa maison, qui s’élève à 160 000 par mois. Ils soutiennent par ailleurs que contrairement aux informations, qui ont attribué à Ayah Paul Abine des « centaines de millions de FCFA dans ses comptes pour financer le terrorisme », ce dernier ne disposerait que de 31 000 FCFA dans son compte épargne et de 299 000 dans son compte courant.