Secrétaire permanent de la plate-forme de la société civile pour la démocratie au Cameroun, Hilaire Kamga, dans un entretien avec le quotidien Le Jour, fait un décryptage du fonctionnement du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) le parti au pouvoir. Cet entretien est relayé à la page 2 de l’édition du 16 septembre 2016 du journal.
Sur l’appréciation que l’interviewé fait du fonctionnement au sein du RDPC ces dernières années, Hilaire Kamga déclare: «d’abord, il convient de remarquer que le RDPC, parti au pouvoir au Cameroun, reste régi par des textes qui sont plus ou moins respectés depuis la création de ce parti en 1985 à Bamenda. L’appréciation de son fonctionnement au cours des cinq dernières années ne peut pas faire abstraction de la nature stratégique de cet appareil politique qui a été mis en place dans une logique néocolonialiste pour asseoir la main mise du régime Biya Paul sur le Cameroun et ses institutions. Notamment après l’épisode de bicéphalisme au sommet de l’État marqué par un Chef de l’État qui gouvernait et un certain Amadou Ahidjo, qui assurait la réalité du contrôle du territoire grâce à sa position de Président national du parti au pouvoir. Aussi les 5 dernières années caractérisées par une ambiance de fin de règne du Président Biya ont affecté le fonctionnement du RDPC. Le parti a dû et est en train de faire face à une guerre non déclarée pour le contrôle post-Biya».
Répondant à la question de savoir quel rôle devrait jouer le RDPC sur la scène politique, économique et sociale, Hilaire Kamga dit que «la nature historique et opérationnelle de ce parti ne le propose pas à autre chose que son rôle de levier fondamental de pérennisation du régime de M. Biya Paul. En cela, sur le plan politique, il est appelé en tant que parti État à continuer sa mission d’embrigadement de l’administration à travers sa logique de clientélisme que développe son président national et ses lieutenants avec l’arme du «décret».
Pourtant en faisant sa mue et en permettant l’émergence d’un nouveau leadership en son sein, le RDPC pourrait, dans la délicate phase actuelle de la vie politique nationale, jouer un rôle important dans la dévolution paisible du pouvoir lors des délicates élections de l’horizon 2018. Sur le plan économique, il est difficile de cerner un rôle précis attendu du RDPC dès lors que l’incestuosité née de sa nature de parti État participe à embrouiller toute lecture lucide de la scène. En définitive, ce qui est attendu du RDPC serait tout simplement le rôle que l’on assignerait au Gouvernement de l’État du Cameroun en matière économique».