Actualités of Thursday, 14 July 2016

Source: 237online.com

La guerre des camps pour la présidentielle est lancée

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La déclaration de Grégoire Owona, faite dans les colonnes du quotidien « Le Jour », n’est plus le combat à fleurets mouchetés que certains voyaient au sommet de l’Etat dans la perspective de la succession de Paul Biya. Car il faut bien analyser l’opportunité, le contexte, le prétexte et le texte de la déclaration du secrétaire général adjoint du comité central du RDPC.

Voici la phrase, à la Cavaye Yeguié Djibril, qui en dit long sur l’affrontement des camps antagonistes qui travaillent le sérail : « Ma conviction est que cette histoire d’élection présidentielle anticipée cacherait une vraie et dangereuse déstabilisation sur laquelle je me permettrai peut-être, si Dieu m’en donne l’opportunité, de revenir abondamment. » Des révélations sont en préparation et un complot va être éventré, si l’on en croit le ministre du Travail.

Pour un homme politique habitué à la langue de bois et adepte du discours compassé, comme le montre le reste de son interview, cette sortie trahit la radicalisation des deux groupes qui s’opposent au sujet de l’avenir politique du pays. Car rien ne l’annonçait ni ne l’imposait, en tout cas pas l’actualité.

Cette interview n’était même pas souhaitable pour la communication gouvernementale, le ministre de la Justice Laurent Esso ayant prévu une prise de parole sur le sujet de la grâce présidentielle à Lydienne Eyoum. Mais il y avait un message à passer et l’affirmation qu’il existe bien deux regards désormais en conflit sur l’avenir électoral du pays. Il s’agit, d’un côté, des partisans d’une anticipation de la présidentielle pour une réélection de Paul Biya avant 2018, parmi lesquels on compte Belinga Eboutou, Jacques Fame Ndongo, Paul Atanga Nji ou encore Henri Eyebe Ayissi. Toutes les personnes citées ont pris des positions publiques ou développé un discours en privé favorable à une modification de la Constitution pour raccourcir le mandat présidentiel actuel et donner à Paul Biya une nouvelle légitimité pour « poursuivre et parachever ses grandes réalisations. »

Cette tendance a anticipé les desiderata du Président, à qui elle a voulu plaire par la multiplication et la généralisation des appels comme autant de preuves de l’adhésion populaire à Paul Biya et à son maintien au pouvoir. Mais toutes les bonnes sources concordent : le chef de l’Etat souhaitait peut-être entendre les « appels du peuple », mais il ne les a ni inspirés, ni commandités, ni mis en œuvre. De l’autre côté, se trouvent les adeptes de la continuation sereine du septennat actuel afin qu’une élection présidentielle se tienne à la date normale d’octobre 2018.

Dans ce camp, qualifié de camp des conservateurs, se recrutent aussi bien Grégoire Owona que le délégué général à la Sureté nationale, Martin Mbarga Nguele, une bonne brochette des membres du gouvernement et les services de sécurité. Cette adhésion au statu quo est assise sur les incertitudes que pourrait charrier une anticipation de la présidentielle. D’abord un remaniement ministériel, synonyme de redistribution des cartes, ce qui n’assure à personne d’être de la prochaine équipe. Puis l’appréhension d’une surchauffe du climat socio-politique et d’une surenchère des leaders de la société civile.

En effet, aux appels à candidature délivrés par la majorité feraient écho les anti-appels, les manifestations de soutien auraient fait face aux anti-manifestations, avec le risque d’une escalade. Beaucoup de membres de l’establishment pensent ainsi, mais Grégoire Owona prend le risque de l’exprimer publiquement en février dernier.

Et il va sentir le vent passé : il reçoit dans la foulée une convocation puis un blâme du comité central du RDPC et se fait remonter les bretelles au secrétariat général de la présidence de la République. Pourtant, l’auteur de «Rdpc : un bateau dans la tourmente » n’en démord pas en privé : Grégoire Owona confie à des proches qu’il est en mission pour le président de la République. Au regard des dispositions présidentielles actuelles, il semble en effet être sur la ligne de Paul Biya.

Ce dernier l’a, d’après des sources bien renseignées, reçu la semaine dernière à Etoudi. Le secrétaire général adjoint du comité central du RDPC serait sorti de cet entretien réconforté et confiant que sa ligne stratégique du maintien du statu quo tient le bon bout.