Rêvons un peu. Projetons-nous au palais de justice. Dans une salle d’audience pleine de monde. En lieu et place des magistrats, juges, président du tribunal, procureur de la République (les personnes habituellement chargées de rendre les décisions de justice), il y a plutôt, des acteurs de circonstance, désignés par le peuple.
Le rêve est d’autant plus insolite que les magistrats, des plénipotentiaires des tribunaux, sont appelés à la barre, non pas pour dire le droit (l’exercice habituel) mais ils y sont, pour répondre de certaines dérives.
Le peuple qui les traduit au tribunal, les accuse d’avoir trahi le serment ; celui de dire, rendre effectivement les décisions de justice, au nom du peuple camerounais. Au rang des chefs d’accusation : l’escalade des décisions de justice à tête chercheuse, tronquées ou arrosées du clinquant ; des prébendes et autres avantages, la complaisance des juges, le clientélisme, l’affairisme, les surenchères multiples, les pincées de corruption, la kyrielle des procédures bâclées ou tintées de certains ingrédients comme le harcèlement, l’acharnement.
L’enlisement des affaires, les procédures sans fin, ne garantissent plus à l’usager qui sollicite l’arbitrage de la justice, l’assurance d’être entendu dans sa cause, ni de se voir rendre justice. La justice camerounaise est en perte de vitesse ; les usagers en quête de la justice (qui devait pourtant être le dernier recours), ont perdu toute confiance en la justice. Le sentiment de détresse et du désarroi est perceptible.
Dans la foulée de ce qui est désigné comme parodie de justice, s’observent des insuffisances d’une justice camerounaise qui ne semble pas disposer des capacités à garantir une justice équitable ; des procès en cascade tintés par une orientation de manière sibylline et pernicieuse ; les perpétuelles violations flagrantes du droit, n’offrent plus des espoirs crédibles. La tentation à la saisine des instances juridiques internationales est désormais grande.